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Commentaire de aquad69

sur Vae Sinistris !


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aquad69 18 juillet 2007 14:56

Bonjour Pierre,

j’apprécie vos articles.

Mais aujourd’hui, pardonnez-moi, je suis de mauvaise humeur...

Si la gauche s’est peu à peu décrédibilisée, c’est pour beaucoup parce qu’elle avait cette même attitude que l’on rencontre dans votre article, quand vous listez « ce qu’il faudrait faire », yaka-faukon !

C’est une liste totalement théorique, idéale.(et incomplète, bien sûr, on pourrait en rajouter encore beaucoup !)

Mais là où le bât blesse, c’est que tout celà est inenvisageable, de l’ordre du rêve : soit c’est techniquement irréalisable, ou décalé par rapport aux règles qui régissent le système économique qui nous régit, soit c’est tellement en opposition avec les intérêts des pouvoirs qui dirigent le Monde que celà n’a évidemment aucune (aucune !) chance de voir le jour !

Et c’est finalement cet aspect irréaliste qui, à force de se répéter jusqu’à la litanie, est le plus usant dans tous ces discours de gauchistes occidentaux, et qui décrédibilise toute la démarche.

Au bout du compte, dans un pays comme la France, il faudrait changer les étiquettes politiques : au lieu de « gauche » et de « droite » on devrait parler du parti des « sympathiques et généreux rêveurs » et de celui des « sales types cohérents »...

Et c’est là une question qui devrait interpeler tout le monde, de tous bords : pourquoi l’image de la générosité se rapporterait-elle plutôt à la « gauche » (ça, au vu des programmes, celà paraîtrait clair, mais beaucoup moins au vu des bilans), et celle de l’efficacité serait-elle plutôt du coté de la droite ?

Car d’expérience, il ne s’avère pas du tout que le libéralisme soit plus efficace : moi qui ai vu évoluer une administration de service public vers le statut privé, je peux vous assurer qu’elle n’a pas gagné en efficacité, mais que l’utilisateur a payé très cher le privilège de passer du statut d’usager à celui de client...

Gauche, droite, il s’agit de visions des choses différentes : comment voulez-vous que ces visions puissent se réaliser de manière équivalentes sur la même trame économique ? Comment voulez-vous faire une politique « de gauche » dans un monde régi par la loi du marché ? Et pour des gens qui dans leur majorité, sous l’influence des médias, n’avaient qu’un but : s’élever au-dessus de leur condition « populaire », et accéder à la condition « royale » par la consommation...

Finalement, qu’est-ce qui différencie la gauche occidentale démoralisée, française par ex, de la gauche en action d’Amérique du Sud, sinon que cette dernière est réellement populaire, et qu’elle s’adosse à un peuple qui vit encore, chez qui le lien social et familial existe encore, autrement dit pour qui le mot « culture » n’est pas encore synonyme du mot « médias » ?

Si le discours politique paraît tellement creux et abstrait chez nous, c’est peut-être qu’il n’est plus qu’un jeu intellectuel pour professionnels et amateurs avertis, déconnecté de la réalité parcequ’il n’y a plus de vie sociale ici, de liens de société et d’identité commune pour lui donner un sens.

Ou en d’autre mots, qu’il n’y a plus ici une société humaine, mais un système, une « machine à vivre » comme on a pu décrire les HLM comme des « machines à habiter ».

Une des plaies de l’esprit moderne, c’est de ne voir les choses qu’en surface, de ne concevoir que deux dimensions, et de s’imaginer, par exemple, qu’en matière d’organisation sociale on n’aurait le choix qu’entre le collectivisme et l’individualisme : c’est à cet impasse que mène un certain matérialisme hypnotisé par l’organisation du système, le « rendement de la machine » et qui ne voit l’Univers que comme une succession de « chantiers » à maîtriser et à réaliser.

Mais qui est définitivement incapable de comprendre que la seule chose qui tient une société debout, c’est sa dimension humaine, ni de gauche, ni de droite, mais purement culturelle, au sens complet du mot.

Si nous voulons rechercher cette dimension, il nous faut accepter de reconnaître que nos prétentions à être des humains « évolués et modernes » ne sont que vents et illusions, et que c’est précisément chez les peuples les moins « avancés » que nous aurions peut-être une chance de retrouver ce qu’il nous manque, à condition d’être prêts enfin à les écouter.

Cordialement Thierry


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