@ Carole Guisado
Le problème des femmes qui n’ont pas d’enfants ou « n’en veulent pas » est plus complexe qu’il n’en a l’air . Il est fréquent , dans ma pratique , de constater chez ces femmes des IVG à répetition faisant suite à des « oublis » de pilule ( pendant plusieurs semaines parfois ! ) grossesses « non désirées » qui correspondent soit à un désir inconscient de grossesse , soit à une vérification par ces femmes de leurs capacités reproductrices ... Par ailleurs il m’est malheureusement arrivé d’être obligé d’annoncer la mauvaise nouvelle d’une ménopause précoce à des femmes de 32 à 40 ans qui avaient « attendu le moment favorable » pour être enceintes , ou alors avaient attendu « l’homme idéal » tel qu’il est véhiculé par l’idéologie nauséeuse des journaux féminins , ou bien ne voulaient pas d’enfants , et je peux vous assurer qu’ils s’agit d’une nouvelle terrible à recevoir pour ces pauvres femmes , même celles qui étaient au départ réfractaires à toute maternité ...
Il faut noter une étonnante évolution depuis deux ou trois ans chez les patientes . Alors que le refus de maternité était assez fréquent à la fin des années 80 lorsque je me suis installé , j’observe actuellement le phénomène inverse : de nombreuses jeunes filles de 17 à 19 ans entreprennent délibérément une grossesse malgré leur jeune âge et en l’absence de toute insertion professionnelle ( il y a 20 ans ces grossesses de très jeunes femmes étaient immédiatement à l’origine de demandes d’IVG ! ) Actuellement , la moitié des grossesses que j’ai l’occasion de suivre sont chez des patientes de 17 à 19 ans , et ces grossesses sont parfaitement désirées . Peut-être s’agit-il d’un hasard statistique , mais cela explique peut-être en partie la relative résistance de la démographie en France par rapport au reste de l’Europe ?
Il est certain que dans des pays comme l’Allemagne et le Japon , qui sont quasiment en état de suicide démographique , cette dénatalité est largement favorisée par l’absence d’aides fiscales ( parts fiscales ) , la faiblesse des allocations , la rareté des moyens de garde et des écoles maternelles . A ce titre , la France est un véritable pays de Cocagne pour les futures mères ! Evidemment cela va à l’encontre des dogmes économiques de l’orthodoxie ultra-libérale , dogmes dont l’application implacable dans notre pays aboutirait inéluctablement à un déclin démographique sévère !