L’auteur,
« je crois que le manque de succès universel de l’espéranto (on peut le regretter)tient à l’absence de culture qui va avec. Je développe : l’EO se présente comme un outil (pour reprendre l’expression de Krokodilo) et pas comme une matière vivante et évolutive comme le sont toutes les langues parlées. »
L’idée qu’une langue n’est pas un simple outil mais le véhicule d’une culture a longtemps été le premier argument des milieux enseignants contre l’idée même de l’Eo. Pourtant, une chose est frappante : depuis quelques années, les pédagogues eux-mêmes parlent d’anglais international, d’anglais de communication (ou plus vulgairement basic english, anglais d’aéroport !. Qu’en conclure ? Que la notion de langue auxiliaire, langue pont entre les cultures fait petit à petit son chemin, car le dogmatisme ne peut résister éternellement à la réalité. Autre exemple, l’Union européenne, qui s’est fondée sur l’égalité des langues, a dû s’adapter aux nécessités, et mettre en place trois langues de travail ; en outre, il ne faudrait pas pousser beaucoup la Commission européenne pour leur faire dire que la lingua franca de l’Europe doit être l’anglais...
Evidemment qu’un étranger qui apprend le français est intéressé par notre culture, ou le sera un jour, mais soyons honnête : la plupart de nos maigres connaissances sur les autres cultures nous viennent de la traduction. Quelques personnes lisent en VO dans une langue étrangère, quelques-unes dans deux, au-delà on tombe dans l’exceptionnel. Ou des contacts directs en voyage, mais là aussi par la traduction, ou en se limitant au visuel.
Et l’un n’exclut pas l’autre : une langue peut être choisie comme langue-outil de communication et posséder une culture.
De plus, la naissance puis le développement de l’espéranto, même minoritaire et marginal (mais réellement international), est par lui-même un phénomène culturel sans précédent. Un phénomène culturel n’est-il pas de la culture ?