La Belgique citée précédemment est certainement l’exemple par précellence de communautés culturelles et linguistiques que rien n’aurait historiquement appelé à cohabiter au sein d’un même Etat, mais capables d’assurer depuis 1830 une relative cohésion par discussions, pragmatisme et recherche parfois ardue du fameux compromis belge et ce, sans heurts notoires ou sanglants.
Cinq réformes constitutionnelles de fond ont été menées à bien, successivement en 1970, 1980, 1988-89, 1993 et 2001 pour doter le royaume de structures fédérales. La crise politique actuelle, certes réelle, mais médiatiquement amplifiée par la fange fielleuse d’eschatologues extrémistes mode Stradivarius brandissant le sceptre d’une scission est à relativiser et n’est qu’un énième épisode dans de laborieuses négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral. Peut-il en être autrement dans un véritable système démocratique, doté d’un scrutin proportionnel à un tour ou chaque région dispose de ses propres partis politiques ne s’exprimant pas dans la même langue, faut-il le rappeler. Situation on ne peut plus complexe pour le jacobin moyen et sa bipolaire vision étriquée de la politique.
Au-delà de l’exemple belge, de plus grands Etats accordent également une autonomie réelle à leurs régions (Royaume-Uni sous Blaire, Espagne, Italie et ses régions) sans qu’il soit question d’une ingérence de l’Union (qui ne reconnaît que les Etats comme interlocuteur) ou d’une destruction programmée du pouvoir central, bien au contraire une nécessaire adaptation ou une simple application du principe de subsidiarité posé par Pie XI (Quadragesimo anno) en 1931 :
« De même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, de même ce serait commettre une grave injustice, et en même temps troubler gravement l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes ».
Au cas où d’aucuns s’interrogeraient dans une poignante angoisse sur l’absence de références religieuses dans les Traités actuels.
Cordialement.