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Commentaire de tjouffli

sur Contre la tentation de la barbarie


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tjouffli tjouffli 31 août 2007 10:45

@L’auteur

Bonjour, et merci pour cet article enrichissant et qui soulève quelques débats intéressants.

En effet, la peine de mort est une solution qui semble toujours rester dans l’esprit de certains de nos concitoyens. Pour donner un autre exemple, j’étais au mois d’aout sur l’île de la Réunion, et un jeune garçon prénommé Alexandre s’y était fait enlevé par une secte (le gourou, à qui la vierge était apparue en haut d’un cocotier, avait pour mission divine « d’exorciser » l’enfant, avec les conséquences funestes qu’on peut imaginer). En revenant de balade, on écoutait Radio Freedom (une radio locale sur laquelle les auditeurs font l’antenne) et une dame appela pour réclamer le châtiment suprême sur la tête du gourou, ainsi que de sa famille. Heureusement, la présentatrice l’a éjecté hors de l’antenne. Mais ce n’est qu’un exemple de plus pour montrer que, à chaud, beaucoup de nos concitoyens réagissent certes avec empathie et une émotion touchante, mais quitte à régresser en effet totalement au niveau des exigences et des idéaux que nous impose cette société pour laquelle tant de luttes ont été menées.

J’y vois avant tout une première explication. La plupart des gens n’arrivent pas à faire la différence entre une justice de l’individu contre un autre et une justice de la société. Cette dernière se doit d’être froide et détachée, de garder son bandeau sur les yeux et de peser chaque argument. La Justice est un idéal, un idéalisme certes jamais atteint, mais qui vaut cependant la peine qu’on se batte pour lui. Mais ce n’est pas une raison pour sombrer dans un excès où son bras séculier ressemblerait à celui du criminel. Même si cela semble choquant pour l’individu, et encore plus pour la victime, elle se doit de garder un visage humain, de sanctionner mais aussi de préparer à la réinsertion (comme vous l’avez très bien expliqué), et de garantir à tout accusé, quel que soit son crime, une défense digne de ce nom (et tous les avocats n’en font pas leur fond de commerce médiatique, tous ne sont pas des Vergès en puissance, heureusement). Il est donc nécessaire de bien faire la part des choses enre la société qui juge (s’en donne les moyens, autant qu’elle le peut, à travers une organisation des lois, des systèmes, et sans être jamais à l’abris de dramatiques erreurs), et l’opinion de l’individu.

On entend souvent l’argument bien souvent : « si on touchait à ma femme, ma fille, etc »... Mais c’est justement là toute la question. Si un de mes proches était agressé ou pire, bien sûr que l’individu que je suis éprouverais un désir de vengeance, peut-être même passerais-je à l’acte. Mais ce serait l’individu qui se ferait justice lui-même, et donc devrait en assumer les conséquences aux yeux de cete entité supérieure qu’est la société. Le corps social, lui serait bafoué et victime d’un déni de justice.

La justice n’est pas une loi naturelle ( contrairement à l’argument naturaliste que semble avancer plus haut Serviteur), elle en est justement le dépassement. Et, dans cet effort imparfait pour dominer notre face sombre (face qui existe pourtant, comme l’auteur le dit si bien, et que l’humanité se doit d’accepter en elle et de regarder comme tel afin d’évoluer un jour), nous nous devons de garder un détachement froid et raisonné, malgré notre compassion certaine.

Pour ceux qui ont encore des doutes, je ne peux que chaudement recommander un ouvrage qui a scellé à jamais cette conception pour moi, les célèbres « derniers jours d’un condamné » de ce vieux Hugo, et je terminerai par une chtite citation de Nietzsche (dans « Ainsi parlait Zarathoustra ») : « Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi. »

PS : je trouve personnellement plus qu’inquiétante cette façon qu’à notre nouveau président de surfer sur les vagues de pathos et d’empathie des foules pour chaque nouveau fait divers. c’est un signe dangereux d’une dérive populiste. Et pour ceux qui en doutent, allez donc regarder la définition de ce mot dans un dictionnaire.


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