Il me semble qu’à ce stade, on peut comparer la présentation du lobbying faite par l’article avec les informations qui ressortent des commentaires. Par exemple, sur trois points déjà évoqués :
1. L’article souligne que « 50 organismes disposent d’un badge d’accès à l’Assemblée parlementaire française. Parmi eux : Air France, EDF, GDF, TotalFinaElf, le Medef, la FNSEA... »
COMMENTAIRE : Oui, mais ce qui compte vraiment, c’est que leurs PDGs rencontrent ailleurs les principaux dirigeants politiques, et c’est là que les choses se passent en réalité. Surtout en présence des grands cercles d’influence qui permettent à l’ensemble des coupoles du pouvoir dans tous les domaines de négocier collectivement une « politique unique » globale que, tout compte fait, les financiers imposent. Autrement dit : ce qui se passe dans la pratique arriverait de toute façon, avec ou sens les badges d’accès au site de l’Assemblée Nationale. Ce constat ne signifie pas que la pratique des badges accordés à des entités privées ne soit pas à bannir résolument. Mais seule, une telle mesure ne résoudrait aucun problème.
2. L’article souligne que « 128 groupes d’études siègent à l’Assemblée parlementaire française : sur les biocarburants, l’industrie aéronautique, la presse, l’armement... »
COMMENTAIRE : Même que pour le point précédent. Si les rapporteurs parlementaires fréquentent eux-mêmes les réseaux, ils peuvent se passer des groupes d’études car, de toute façon, ils seront « éclairés » ailleurs.
3. L’article souligne que : « une centaine d’assistants parlementaires travaillent également pour des cabinets de conseil. »
COMMENTAIRE : Là, on a affaire à un maillon encore plus bas de la chaîne du pouvoir. L’assistant parlementaire applique une ligne générale définie par l’état-major du parti de son parlementaire. Le mélange de fonctions est à bannir, certes, mais ce n’est pas grand-chose à côté de ce dont on aurait vraiment besoin.
EN CLAIR, SUR LES TROIS POINTS : c’est plus haut dans le pouvoir qu’il faut rechercher le véritable lobbying, dont les faits invoqués par l’article ne sont que des reflets subalternes. Le lobbying obéit, à la fin des courses, aux consignes de la coupole des milieux financiers.
Les réseaux des coupoles suffissent largement à la grande finance pour faire passer sa politique. Méfions-nous, donc, des parlementaires qui se bornent à se plaindre des pratiques « voyantes » évoquées par l’article mais font partie, eux-mêmes ou leurs copains, de réseaux plus puissants et discrets.