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Commentaire de El Fredo

sur Droite, gauche, centre : différentes philosophies de l'approche de l'homme


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El Fredo El Fredo 5 octobre 2007 23:41

Article un peu simpliste, et de plus légèrement partisan car il tourne rapidement à la promotion du MoDem et de son crédo ni-gauche-ni-droite. Néanmoins la question mérite d’être posée, et c’est courageux de s’attaquer à un sujet aussi ardu (et polémique).

Si vous voulez creuser un peu plus la question, je vous suggère le visionnage de cette interview de Gilles Deleuze :

http://www.rue89.com/2007/06/19/pour-aider-a-la-reconstruction-de-la-gauche-trois-minutes-avec-gilles-deleuze

Pour Deleuze, la distinction fondamentale entre la Gauche et la Droite, c’est que l’homme de Gauche part du monde pour aller à l’individu, alors que l’homme de Droite part de l’individu pour aller au monde. La force de cette définition, c’est qu’un esprit de Gauche comme de Droite y verra par nature la supériorité de son mode de pensée sur celui opposé : ainsi pour la Gauche, la Droite manque de clairvoyance en ne voyant pas la globalité des problèmes et leurs liens ; pour la Droite, la Gauche est utopiste et rêve de changer le monde en négligeant l’individu et le quotidien. D’où l’incompréhension qui règne entre les deux camps.

Se remémorer la dernière campagne présidentielle et l’opposition entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La première martelant que tous les problèmes étant liés, la solution devait être globale, quitte à rester floue sur les détails. Le second traitant d’absolument tous les sujets, avec précision mais de façon cloisonnée. Du point de vue de Deleuze, Ségolène Royal est authentiquement de Gauche, et Nicolas Sarkozy authentiquement de Droite. En louant la maîtrise des dossiers de Sarkozy (qui confinait parfois au bachotage) et le flou apparent du programme de Royal, la presse a privilégié le mode de pensée Droitier au sens de Deleuze. Le résultat de l’élection a confirmé l’avantage de celui-ci parmi les français. On peut d’ailleurs constater au passage que les deux mode de pensée sont à peu près équitablement répartis dans la population quelle que soit l’élection, puisqu’on constate rarement un écart supérieur à 10 points (soit 55/45) ; à comparer avec la répartition droitier/gaucher de l’ordre de 90/10.

Finalement, si tant la Gauche que la Droite aspirent au même but (le bien-être de la communauté), c’est seulement sur la méthode et la vision qu’elles s’opposent.

Ainsi pour Jaurès, l’individu est la « fin suprème » du socialisme :

http://dgi-17.over-blog.com/article-11127535.html

http://lalettredejaures.over-blog.com/article-12522055.html

<< L’individu est la « fin suprême ». Et le socialisme est un individualisme, c’est-à-dire que la finalité de l’organisation collective, c’est la liberté de l’individu. >> Vincent Peillon

Pour la Droite, la politique doit en premier lieu privilégier l’individu, dont le bien-être profitera finalement à la communauté. Le collectif est secondaire et n’est considéré que comme la somme des individualités.

De plus, vous associez incorrectement Gauche et interventionnisme étatiste, mais vous négligez au passage l’anarchisme. De même quand vous associez Droite et pouvoir centralisé fort en négligeant le libéralisme économique (traditionnellement associé à la Droite). Il s’avère que la distinction entre les opinions politiques est beaucoup trop complexe pour être réduite à un axe unique, ce qui est à mon avis la principale source de la soi-disant confusion Gauche-Droite qui régnerait actuellement, et qui constitue le cheval de bataille du MoDem. Ainsi, anarchistes et communistes, pourtant à l’extrême-gauche, ont des conceptions diamétralement opposées sur le rôle de l’état (étudier l’histoire de la guerre d’Espagne). De même entre les gaullistes et les ultra-libéraux. En fait c’est au moins deux axes qu’il faudrait utiliser pour distinguer tous ces cas, comme le prônent les partisans de la « boussole politique » (Political Compass), qui définissent les axes économiques et sociaux :

http://www.politicalcompass.org/

Passez donc le test, c’est très révélateur (malheureusement en anglais et très US-centric, mais si on arrive à se glisser dans la tête d’un ricain on y arrive à peu près). Vous pourrez ainsi vous comparer avec de nombreux personnages historiques ou contemporains :

http://www.politicalcompass.org/analysis2

Au passage, ce système permet enfin de rapprocher Staline et Hitler sur le plan de l’autoritarisme, tout en les distinguant sur le plan économique, et en les éloignant des autres dirigeants modérés de leurs camps respectifs (au sens Gauche-Droite habituel). Ce système permet enfin de mettre un terme aux anathèmes traditionnellement lancés tant par la Droite que la Gauche en direction de leurs adversaires sur leur filiation supposée avec le stalinisme ou le fascisme. Enfin il permet également de sortir le libéralisme du clivage Gauche-Droite habituel : le social-libéralisme cesse d’être un oxymore.

Si le MoDem veut continuer d’exister tout en récusant l’axe Gauche-Droite, il faudra qu’il se définisse sur d’autres axes : étatisme/libéralisme, autoritarisme/libertarisme, etc.


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