@ Paul Villach
Au delà de votre analyse très profonde , on peut se poser la question de l’effet produit par cette publicité sur les principales intéressées : les anorexiques elles-même .
Une caractéristique des anorexiques est qu’elles se trouvent « énormes » quant elles se voient dans un miroir . Il y a un trouble du schéma corporel qui aboutit en définitive au fait qu’elles ne se « voient » pas ! Est-ce qu’en regardant cette publicité cela leur permettra , en voyant une autre comme elles , de « se voir » enfin telles qu’elles sont , rien n’est moins sûr .
Une autre hypothèse est que cela incite des jeunes filles au bord de l’anorexie à franchir le pas qui les fera plonger dans cet abîme , parce que , pour elles , cette image est un rève . Car il s’agit bien d’un abîme . Aucune maladie « mentale » ( en l’occurence la distinction entre le corps et le mental est bien artificielle ) n’est grevée d’un aussi lourd taux de mortalité ( peut-être 30 % , et pour les survivantes , seules 30 % mèneront une vie dite « normale » ...)
Selon certaines théories explicatives contestées , l’anorexie mentale est une sorte de toxicomanie ( le cerveau des patientes sécréterait de grandes quantités d’endorphines , d’où phénomène de dépendance à l’amaigrissement ).
Vouloir lutter contre cette toxicomanie par une image risque par conséquent d’être aussi peu efficace que les images de poumons cancéreux imprimées sur les paquets de cigarettes dans certains pays .
A noter un fait intéressant concernant l’anorexie mentale : l’amaigrissement est souvent précédé par un arrêt des règles , qui , pour certaines interprétations psychanalytiques , également contestées , est le signe d’un refus de sa féminité ( selon les organicistes , cela sera plutôt interprêté comme un « dérèglement hypothalamique » : l’hypothalamus règle l’ensemble des fonctions hormonales ainsi que l’alimentation et les pulsions sexuelles ) . Dans ce domaine , pour l’instant , l’aphorisme « qui fait de la pathogénie patauge » s’applique très bien ...