« il ne faut surtout pas imiter les systèmes Japonais ou Américains où les labos travaillent sans aucune concertation, et parfois dans un contexte concurrentiel... Les Américains peuvent se permettre de jeter de l’argent par la fenêtre... »
Absurde. La force du système scientifique US, qui collectionne les prix Nobel si on le compare avec l’Europe occidentale, réside précisément dans la grande diversité de ses établissements scientifiques et de ses sources de financement. On peut faire de la recherche à beaucoup d’endroits, sans avoir toujours en face les mêmes hiérarchies et administrations. Et la concurrence n’est pas forcément une expression du capitalisme. Mao Zédong avait parlé des cent fleurs, des écoles qui rivalisent...
Le CNRS a été une institution utile tant que ses dirigeants n’ont pas voulu jouer les « grands planificateurs » et qu’on n’a pas vu d’énarques débarquer dans son administration. Pareil pour bien d’autres domaines du secteur public.
On nous dit que la meilleure discipline du CNRS est la Physique. J’ai un peut fait le tour des derniers prix Nobel français : dans un domaine superplanifié comme le nucléaire et les particules, le seul que je trouve est Charpak, mais apparemment il faisait dans son coin du développement de détecteurs et n’a jamais dirigé une de ces grosses expériences sur accélérateur dont on nous met plein la vue. Les trois autres (de Gennes, en réalité prix Nobel de Chimie, a eu le prix pour des IDEES ORIGINALES ; Cohen-Tannoudji, c’est une petite équipe ; Fert, c’est pareil) représentent la « petite recherche » plus ou moins individuelle. Ce que, justement, les politiques français s’emploient à tuer depuis les années 1980.