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Commentaire de ddacoudre

sur Naît-on criminel ou le devient-on ?


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ddacoudre ddacoudre 19 octobre 2007 01:25

Bonjour lise.

Court et précis

La criminalité n’est pas génétique même si l’on a des séquelles cérébrales ou des dysfonctionnements.

Dans des peuplades dites primitives ses personnes déficientes étaient évités par les membres du groupe sans être tenu à l’écart, et souvent on les disaient en relation avec les esprits. Naturellement ces quelques tributs ne disposent pas du niveau de vie qui est le notre et dans lequel aussi bien la promiscuité urbaine que l’existence de matériels pouvant être dangereux dans d’autres usages que ceux auxquels ils sont destiné, créent un environnement peu propice à l’existence de ceux que nous appelons génériquement des fous, mais tous ne sont pas dangereux. En France il y a je pense me souvenir je n’ai pas vérifier 1% de schizophrènes qui vivent normalement.

Les Nord-américains, dans leur légendaire souci d’efficacité, ont cherché à mettre en œuvre un processus d’évaluation des populations à risque. Ceci a été mis en place dans les prisons pour prévoir les risques de récidives. Cette méthode « scientiste », basée sur des tables actuarielles comportant plusieurs critères, est censée mettre fin à des décisions prises sur la base d’examens cliniques et suspectés d’arbitraire.

Ces études ont été appliquées en milieu carcéral, notamment au Canada, mais pour beaucoup de personnes elles ont un défaut, celui de ne s’appliquer qu’a des personnes incarcérées, c’est à dire qui ont donc déjà commis un crime.

L’idéal se trouve alors, non pas dans le fait de savoir si l’on doit remettre en liberté un criminel ou pas, et ce de la manière la plus infaillible possible, mais d’éviter que ce criminel commette son forfait.

Les scientifiques se sont donc lancés dans des études longitudinales portant sur trois générations de délinquants, pendant une quarantaine d’années. Ils en ont retiré un ensemble de données empiriques qui leur ont permis d’affiner le caractère culturellement transmissible de la délinquance.

Qu’est ce que signifie « culturellement transmissible ?

C’est le constat que dans la Nature il n’y a pas de notions de délinquance et encore moins de crime. Un animal qui va essayer d’avoir un morceau de la proie que son congénère a chassé, par exemple, n’est en rien un voleur, il essaye simplement de se nourrir dans les conditions du moindre effort (coût/avantage), plutôt que de se chercher une proie et l’abattre ; Mais surtout, il ne tuera pas son congénère pour l’obtenir. L’humain, en accédant à la conscience, a défini petit à petit qu’un individu n’avait pas le droit d’aller prendre une part de la chasse d’autrui sans son autorisation, sans sa volonté de partager. Et il a convié l’autre à faire l’effort d’aller chasser. Sauf que ceci exige qu’il y ait une quantité de nourriture disponible pour chaque chasseur. Or, dans notre organisation socio-économique, la « proie » est devenue la monnaie, et quand elle peut être abondante, nous la raréfions pour qu’elle soit désirée. Partant de là, les chasseurs se livrent à une concurrence, et ceux qui ne sont pas assez vaillants ou adroits, peu enclins à l’effort, attardés, malades, handicapés ou d’un tempérament génétique moins adapté à la compétition, seront écartés.

Ce n’est pas pour autant qu’ils n’auront pas faim, et de ce fait, leur instinct de préservation les poussera à rechercher des moyens pour s’approprier la « proie » d’autrui. Mais dans le même temps les autres chercherons des mesures pour les en dissuader.

Partant de là, chacun élèvera sa famille dans des conditions différentes plus ou moins difficiles qui se répercuteront sur leur progéniture.

Quelques milliers d’années plus tard, pour réguler tout cela, l’humain a défini une notion de bien et de mal qui condamnait les actes de celui qui volait par exemple, mais aussi invitait l’autre à partager. Ceci sans résultat. De telle manière que ceux qui possédaient des « proies » ont établi une liste de délits et de crimes, ont construit des prisons pour ceux qui enviaient les proies dont ils estimaient être les propriétaires. Les mêmes prisons également pour ceux qui, conscients de ces inégalités, prônent des solutions de modification de ce scénario pour que l’on puisse nourrir ceux qui sont écartés par la concurrence ou en organisant pour eux des actions de solidarité sociales pour les nourrir et leur apprendre à chasser « des proies ».

Et nous sommes dans ce schéma réducteur depuis des millénaires. Cette quête de la « proie » est structurée aujourd’hui par la division du travail et la mobilité, à partir desquels, des groupes vont se stratifier socialement. Ceux qui appartiendront aux groupes qui se trouvent « écarté ou plus faibles, moins méritants, et qui au grand désespoir des autres groupes ont faim et ne se décident pas à vivre les difficultés de leur existence, utiliseront les faiblesses des autres ou leurs points sensibles, pour s’approprier les biens qu’ils désirent, voire utiliseront leur faculté à se regrouper s’ils sont suffisamment nombreux, voire se laisseront aller.

C’est dans ces groupes tenus à l’écart de la chasse à la « proie » que les structures organisatrices, discipline, obéissance perdront de leurs efficiences. C’est des difficultés inhérentes de ces groupes à vivre leur mise à l’écart que se développeront toutes les formes de transgressions, et ils les répercuteront sur ceux qui les partagent ou naissent dans leurs conditions.

Et chacun peut comprendre que l’on peut leur apprendre à chasser, s’il n’y a pas de « proie » disponibles, ils chercheront toujours à aller prendre celles des autres qui s’en défendront. C’est en cela que la délinquance est culturellement transmissible.

Et aujourd’hui la grande quantité de variété de biens et de services est si vaste qu’ils nourrissent des désirs insatiables de possession et de valorisation, alors que la chasse à la « proie » reste toujours limitée volontairement. Volontairement pour nourrir le désir d’en posséder, si bien que plus aucun groupe social n’échappe à la tentation de la transgression à divers pourcentage, même entre les dominants systémiques qui se communiques leurs combines pour échapper à la notion de bien et de mal que leur prédécesseur ont élaboré pour se protéger.

Toutefois l’affirmation du caractère culturel de la délinquance a permis d’élaborer une typologie en termes d’origine sociale, géographique, ethnique...et ainsi de définir des profils criminogènes. Mais la détermination du profil ne s’arrête pas là. D’après ces études, il est possible de prédire qu’un enfant entre deux et trois ans, selon son environnement et les observations psychosociales faites de son comportement à l’école, aura 75% de chances de devenir un « délinquant persistant grave », selon la terminologie employée. Il serait donc possible d’intervenir dès la maternelle, sur ces populations potentiellement dangereuses. Un chercheur Canadien, M. Tremblay, va jusqu’à dire que l’on peut prédire l’avènement d’un futur délinquant, dès que certaines adolescentes sont enceintes.

Nous pourrions même très tôt définir si un enfant est adaptable à une société type, nous pourrons même dans quelques années réorienter sa pensée le cas échéant à l’aide des champs magnétiques, déceler qui nourri des pensées criminelles, mais à qui confier cette mission, si ce n’est à des inquisiteurs.

Cela fixe aussi la limite du langage et des mots que nous utilisons pour qualifier des manquements aussi individuels que collectifs, sans entacher la nécessité de définir des responsabilités d’acteurs. C’est ainsi que le mot de crime se banalise. Ne diton pas : « ce qu’il fait est criminel », « comme il se conduit c’est criminel », « ce qu’il pense est criminel », etc.... pour qualifier de plus en plus la dangerosité d’événements ou de comportements, que notre société complexe cela nous conduira incidemment à regarder notre activité humaine comme une activité criminelle.

Ce qui est certainement vrai, mais nous passerons de la notion d’humain « Etre violent », à celle « d’Humain criminel ».

Je m’étais penché sur le sujet en 2002 quand dans la campagne électorale j’avais entendu reprendre cette idée de Mr Trembley.

Cordialement.


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