Cher Jean-Michel Apathie,

Je ne suis pas journaliste, je ne suis pas une intellectuelle, je suis une - presque - vieille dame de 54 ans,votre article m’a donné simplement envie de réagir. Je vais donc essayer de vous faire part de la pensée d’une Française bien moyenne lambda, ménagère de plus de 50 ans, qui tente de comprendre « les enjeux et les épreuves » auxquels notre société devrait faire face.

Si je vous traduis bien, il serait important d’entreprendre, une action pédagogique pour juguler l’angoisse qui gagne, secteurs après secteurs, nos concitoyens. Sur ce point très précis, je ne pense pas que les hommes et femmes qui composent notre société n’aient qu’une « conscience relative des enjeux », il me semble, au contraire, qu’une grande majorité de gens comprend très bien. Comprendre, oui, mais accepter ? et accepter quoi ?

Les actifs, et les jeunes gens , qui se préparent à diverses manifestations en ce moment...très angoissés par les situations de précarité qu’ils côtoient sans arrêt dans les grandes villes, leur feuille de paie qui diminue sans arrêt, leurs études et leurs diplômes, qui, si ils ne sont pas certifiés « grandes écoles » ne leur permettent plus de faire fonctionner le fameux « ascenceur social ».... Je ne crois pas que tous ces gens soient inconscients des enjeux, simplement, ils en ont assez de voir sans arrêt leurs efforts mal récompensés, leurs élus et représentants divers se poser en donneurs de leçons, cumulards, cooptés, refusant le moindre sacrifice pour eux-même, adeptes du « faites ce que je dis, pas ce que je fais » voire quelquefois malhonnêtes, sans grande empathie pour le peuple qu’ils sont censés représenter. Je comprends tous ces gens exaspérés par le manque de dignité que devrait réclamer un poste, une mission qui devrait exiger de l’humilité et surtout, un comportement exemplaire. Je le comprends d’autant mieux que je vois mon mari, très petit entrepreneur,se tuer littéralement à la tâche depuis plus de 25 ans, en faisant des semaines de 70 heures, voire davantage si il le faut, fatigué, drogué de travail, et que l’Etat et autres niches( type médecine du travail dont on parle beaucoup aujourd’hui ) le vampirisent tellement, qu’à 54 ans, nous n’ayons jamais pu acheter le moindre logement... ( travailler plus ? quelle triste farce pour des gens comme nous... )

Je veux bien parler du système social, mais, bien placée pour le savoir, je peux vous affirmer que ce ne sont pas les Assedics qui nous coûtent le plus cher, loin de là, cessons donc d’accabler les chômeurs, ce ne sont pas eux qui ponctionnentle plus les entreprises, loin de là...

Il me semble un peu facile de dire que ce sont les « mentalités » qui sont, pour partie, responsables de cet immobilisme, heureusement, vous y avez ajouté le mot « circonstances » ! Je ne chercherai pas à vous accabler, loin de là, mais, de grâce, descendez dans la rue, allez à la rencontre des gens qui travaillent, qui s’en sortent avec dificultés, qui aimeraient un avenir meilleur pour leurs enfants, je comprends que, dans votre situation, vous ne soyez pas pessimiste. ( soyez certain que je vous écris cela sans aucune acrimonie, faites moi plaisir, ne le prenez pas mal !...j’en serais désolée ...)

Pour ma part, cela dépend des jours.Je ne suis ni franchement pessimiste, ni résolument optimiste, je n’ai pas le temps d’y penser, il y a urgence, il faut avancer !...

Je pense que mon état d’esprit est le même que bien des Français dits « moyens » ,... pas celui, à l’évidence, des inactifs craintifs et des quelques nantis qui ont voté Sarkosy à la présidentielle.

Je vous envoie mes amitiés, à vous même, cher Monsieur, et à tous.