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Commentaire de Krokodilo

sur L'Europe et le déclin annoncé


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Krokodilo Krokodilo 13 novembre 2007 13:23

Comme souvent, les problèmes linguistiques sont passés souvent silence ; je me permets de mettre un extrait de mon récent article d’agora vox sur le plurilinguisme à la sauce Commssion européenne qui nous conduit à marche forcée vers l’anglais obligatoire, (Italie et Portugal l’ont fait, et nous pratiquement, sans aucun vote) :

"Pourtant, cette évolution vers un bilinguisme européen langue nationale-anglais aurait de lourdes conséquences.

- Quels sont les inconvénients de l’anglais comme lingua franca de l’Europe ?

C’est une grande injustice, pour de nombreuses raisons. Brièvement :

Injustice financière : la GB (et les USA) tirent une fortune de l’usage de leur langue. Le rapport Grin, qui évaluait ce flux financier à 10 milliards d’euros par an, n’a jamais été contesté, seulement boycotté...

Quasi-monopole des natifs sur toutes les traductions et interprétations vers l’anglais, soit, dans un tel système, la plus grosse part des traductions.

Injustice humaine dans toute situation ou un natif discute avec un non-natif.

Injustice commerciale dans toute réunion ou négociation entre des natifs et des non-natifs, dans la rédaction et l’étude des contrats. Bientôt, si le protocole de Londres est signé, des documents en anglais auront valeur juridique sur le sol français.

Injustice scientifique : un article paru dans une revue non anglophone n’a aucune chance de rapporter des points dans un classement établi par des anglophones. Les natifs parlent davantage dans les congrès, les autres étant gênés de montrer leur manque de maîtrise de l’anglais. Cela pousse la science européenne à adopter les méthodes de financement, les normes, les acronymes, le vocabulaire, les voies de recherche, le mode de pensée lui-même de la science anglosaxonne, voire à faire de l’Europe un simple sous-traitant de cette science. Les grandes revues scientifiques, par leurs comités de lecture, sont toutes dirigées par des anglophones, avec un possible favoritisme ou une rétention d’information - le temps d’informer des équipes amies. En outre, tout le temps qu’un scientifique a passé à acquérir un bon anglais, le chercheur concurrent l’a consacré à ses travaux, ou à sa guise. L’un gagne des années, l’autre en perd tout autant ! Naturellement, c’est aussi valable pour les commerciaux et les politiques, et finalement pour tout le monde !

Injustice politique : tous les organismes internationaux seront dirigés soit par des natifs soit par des « fluent english » acquis à leur cause et à leur façon de voir. Absurdité politique de choisir la langue du pays le moins européen, qui n’a pas adopté l’euro.

Injustice linguistique, car un usage plus large de l’anglais dans l’enseignement universitaire comme en Suède ou en Norvège et dans la société en général est un grand risque d’appauvrissement de la langue nationale, notamment par une perte progressive de son vocabulaire technique et scientifique, faute de l’utiliser et de l’actualiser. Et ridiculement injuste, lorsque dans une réunion où est présent un seul anglophone, tous doivent discuter en anglais, révérence oblige.


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