Bonjour Emmanuel et Emile red
Merci pour vos commentaires que je vais discuter car ils sont très intéressants.
Tout d’abord je vais indiquer quelques petits préalables. 1/ aucun évènement n’est spontané, il est donc toujours possible de le remonter aussi loin qu’il nous aura et nous saurons en déceler les traces.
2/ nous ne démarrons jamais nos analyses du point zéro et il en fut de même pour tout les auteurs de la pensée libérale et libertaire, qui ont réfléchi au travers de leur culture du moment.
3/ l’homme seul n’existe pas. 4/ Notre cerveau est lent.
5/ nous ne disposons pas du libre arbitre. 6/ nous vivons par défaut de tout connaître. 7/ l’environnement guide nos choix (et chacun de nous est constitutif aussi de cet environnement).
Je ne vais donc pas vous dire voila cela est le libéralisme et là c’est la pensée libertaire. Il y a même de grande chance que les deux orientations se soient séparées sur l’éternel débat sur le matérialisme est le spiritualisme, ce que signale Red en rappelant ce qui les sépares au fond.
Ainsi comme je le disais en 1), le mot libéralisme n’a pas surgit spontanément, l’on trouve sa trace au travers du mot Libéralis, sans remonter jusqu’à la Grèce.
Le terme « libéralisme » apparaît dans la langue française à partir de 1821. Il appartenait déjà au monde politique, car son sens usuel remonte au XII ième siècle et signifiait « généreux », (emprunté au latin Libéralis). Ensuite au XIII ième siècle il permet de désigner un individu : « digne d’un homme libre ». Ainsi le sens de ce terme libéralisme est passé lentement du domaine politique au domaine économique et caractérise la devise « laisser faire, laisser passer ».
Il est donc difficile de dire si au XIII siècles si c’était le départ du libéralisme ou celui des libertaires, mais on ne peut douter qu’il implique la notion de générosité ; que l’on retrouve de par et d’autre et que j’ai souligné dans l’article en disant qu’il était avant tout une philosophie qui débouché sur une pratique économique.
Quelque fois je dis que nous sommes des homo-sociabilis, contenant homo économicus, et non, comme ceux qui ont tordu le libéralisme au point de dire que l’humain est un homo économicus, comme s’il était une espèce né exclusivement pour produire et je ne tombe jamais dans la confusion que notre origine de cueilleur est le prémisse de l’économie parce que cela demande un travail (cela me rend triste pour tous ces animaux qui travaillent s’adonnent à l’économie sans le savoir, c’est du belle pensée « d’économicologisme » comme je l’ai appelé). C’est une boutade, mais cela nous à conduit à ajuster notre esprit à l’outil, cela s’appelle l’esprit d’entreprise, et qui plus est totalitaire.
Cette parenthèse faite, j’en reviens à ce que l’on peut considérer comme source du libéralisme et de la pensée libertaire avec le développement du protestantisme.
A la suite de l’universalité de tous les hommes fils de dieu par la chrétienté, puis sa « catholicité » faisant de la papauté l’omnipotence porte parole de dieu (très proche des pharaons qui en étaient sa représentation) chacun devint sujet devant transiter par ses prélats pour communiquer avec dieu).
C’est donc en rappelant les évangiles qui rappellent que chaque croyant était individuellement en communication avec dieu sans devoir passer par un de ses représentants que l’on peut penser que cet évènement à fait son chemin, jusqu’à chercher dans le commerce le même principe envers la monarchie, puis donner naissance à l’individualisme.
Naturellement chacun étaient sous la pratique d’une culture judéo-chrétienne et par de là avec une morale catholique. Elle-même issus d’un long processus.
Ainsi dans la longue chaîne de ceux qui ont défini petit à petit la condition humaine, nous trouvons les moralistes de l’antiquité, comme les stoïciens par exemple, Cicéron pour la Rome, les pères de l’église qui insistaient sur la liberté de la nature humaine restaurée par Christ. Mais aussi saint Thomas d’Aquin, ou encore Vazquez suivi de François Suarez son élève qui contribua au développement du laxisme représentant la tendance extrême du probabilisme des jésuites, et je termine sur Grotius car la liste serait longue. « A partir du XVII ième siècle Descartes et Grotius, définiront la « loi naturelle » comme une création arbitraire de Dieu, conduisant au constat que la loi dérivant des hommes ne peut donc être définitivement posée, alors que « le droit naturel » est un code écrit applicable à tous les hommes Sorte d’une manière universelle et identique, non pas un principe de raisons susceptible d’applications variables ».
Ce n’est pas pour autant que la liberté d’exercer sa nature humaine fut proclamé, car pour cela il faudra attendre la révolution.
Ce sont donc d’autres événements qui conduiront à la proclamation des droits de l’homme et à l’assise de la pensée libérale qui engendra le capitalisme qui générera la social utopie, d’où naîtra en opposition à, libéral devenue presque homonyme de capital, la notion de libertaire pour faire la différentiation soulevé par RED. Et la pensée libertaire qui s’étendait jusqu’au mœurs comprend l’anarchisme dans sa dimension politique et économique dont Proudhon et la figure historique de référence, que l’on retrouve toujours dans l’enseignement de l’origine du syndicalisme.
A partir de quand l’on peut trouver les traces de ce qui caractérise aujourd’hui notre lecture comptable de l’existence. Sans oublier de dire d’où nous viennent les chiffres, car sans eux notre existence serait autre. Il faut remonter jusqu’à william Petty.
L’histoire du travail apparaît à la suite des besoins biologiques nutritionnels de l’homme dans sa sédentarisation, mais sa définition sous notre regard hiérarchisant ou « méritocratique » commence à prendre forme lorsque, d’une appréciation qualitative de l’observation de l’exercice d’une activité économique humaine diversement organisée et désignée. S’élabore alors la quantification d’une valeur d’échange commune, après n’avoir été qu’une valeur d’usage liée à la fonctionnalité des productions.
C’est avec l’œuvre de Petty William (1623-1687) que se situe la transition avec les mercantilistes et les libéraux.
Sa théorie de la valeur corrèle une unité de monnaie avec une journée de travail et une acre de terre (elle valait en France 52 ares environ). Elle est à l’origine de la théorie de la « valeur/travail » qui encrera définitivement ce mot comme la clé objectivée d’une mesure de référence universelle de l’activité productive de la civilisation industrielle permettant l’intégration d’un individu dans une société dite de « libre échange ».
Sa consécration se caractérise par le nombre de sciences particulières qui lui ont été consacrées, et desquelles sortent des modèles, comme les techniques de rationalisation qui sont appliquées dans d’autres domaines que ceux du travail, et notamment de nombreux secteurs de la vie sociale, certains services de l’État, le sport, et pour une bonne part la gestion du temps de notre existence.
Ceci n’a été rendu possible que par une praxéologie mathématique au travers d’un raisonnement « logicomathématique » nécessitant une tactique et une stratégie d’acteur devant la nature de l’action industrielle qui appelle le calcul de procédures et la quantification des données.
C’est donc autour de cette conception de la valeur travail que certains libéraux développeront avec l’avènement de l’industrie, le capitalisme.
Pour continuer sur les observations d’Emmanuel, il est certain que la notion de ne pas nuire à autrui n’est pas à dissocié de la culture judéo chrétienne, pas plus que la notion de tolérance puisque ce sont dans ce berceau que ces termes sont nés pour indiquer une perception environnementale qui laisse supposer que ce n’était pas le soucis qui prédominait.
Il est fort probable que la tolérance soit liée à l’acceptation des différentes confessions et des penseurs de l’époque comme de découvreurs vis-à-vis du pouvoir ecclésiastique catholique et monarchique, l’histoire fourmille d’exemples d’intolérances dramatiques dû à des certitudes absolues.
Pour autant notre morale n’est pas universelle mais culturelle et nos conceptions sont celles d’occidentaux.
En 1862 des tribus africaines pratiquaient le cannibalisme et ne trouvaient pas cela immoral. Pour illustrer ces différentes appréciations de valeurs quantitatives et qualitatives de l’image du monde j’ai choisi un exemple diamétralement opposé. Les récits des voyages du capitaine Hearne rapportent que chez les Indiens du Nord-Ouest du Canada, ce qui est aujourd’hui l’Alberta, la tribu Athabasca n’a de cesse de s’entre-tuer avec celle des indiens « Côtes de chien ». Cette guerre est leur joie, leur gloire, de part et d’autre. Un tel comportement nous le jugeons « primitif » comme pour le rejeter dans les comportements naturels archaïques de l’Humain, sans être capable de discerner que ce que nous rejetons comme primitif, nous l’acceptons aujourd’hui recomposé faisant toujours la gloire et la joie de certains de part et d’autre dans nos guerres.
Nous ne pouvons pas dire que c’était la pensée libérale qui, les guidaient.
Aujourd’hui le terme tolérance se confond avec laxisme et cela est bien regrettable car la modification de son sens entraînera une analyse et une perception autre de nos comportements et nous rendra de fait moins enclin en en chercher les sources pour ne condamner que les effets et verser dans l’intransigeance.
Naturellement comme l’environnement a fait apparaître cette notion, il lui fait acquérir un autre sens né d’une confusion ou à l’inverse de ce que je disais ci-dessus du développement de l’intransigeance.
Cela bien entendu ne dépend pas de la volonté des individus. Depuis que nous clamons qu’ils sont des êtres responsables si cela était une vérité, et non pas seulement une perception faussée de notre condition, nous cesserions sur le champs d’exploiter tout ce qui nous tue.
Mais voila notre monde est plein de belles chose mais il est mortel, et si nous disposions de ce fameux libre arbitre nous choisirions d’être éternel.
Ainsi le libéralisme ignorant des connaissances d’aujourd’hui, comme nous de celles de demain, nous faisons de la notion de responsabilité et de libre arbitre, celle qui convient à la notion de ne pas faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, mais dans notre cadre occidental.
Car si nous sommes acteurs de notre existence, nous n’en sommes nullement responsable, ce qui induit une notion plus importante que la tolérance qui est le pardon (chrétien) qui ne signifie pas accepter que l’autre nous nuise dans le cadre de l’évolution de nos organisations sociétales, modifiant le droit positif.
Dans l’intrication de nos actions, l’homme seul dont je disais qu’il n’existait pas, jouissant de sa liberté arbitraire au contact d’un autre se trouverait forcément atteint dans celle-ci et à contrario, tant et si bien que chacun des hommes de ce monde au contact des uns des autres pourrait dire que l’autre lui nuit.
Nous ne serions donc qu’une immense justice se réclamant des uns au autres de rendre gorge au nom de leur responsabilité d’avoir nuit à autrui.
Il en va autrement, l’homme n’est donc pas plus un homo individualis qu’un homo économicus, il est un homo sociabilis et cette progression du sociabilis est lente par rapport à l’univers qui la fait jaillir, car la lumière circule à 300 000 km/s seconde et notre vitesse neuronale, celle qui nous fait penser que nous sommes responsable du monde, se situe suivant les individus entre 1,75 m/s et 2,22 m/s (mètre par seconde).
Ignorant de cela des millions d’hommes ont vécu durant des milliers d’années, voire plus suivant ou l’on situe le départ de notre espèce. Ils ont donc vécu par défaut de tout connaître et il en est de même pour nous, sauf que nous en savons laborieusement juste un peu plus, sans que ce soit des vérités absolues.
Alors peut-être qu’être libéral aujourd’hui c’est être aussi un libertaire de l’esprit et un praticien du chiffre sans être un dogmatique de l’économicologie.
Merci à tous deux pour m’avoir suscité cette réflexion.
Cordialement.
24/11 19:12 - geko
Merci à tous pour vos commentaires constructifs ! DD à découdre les confusions ! serait-ce (...)
24/11 18:13 - geko
@dd A en juger par les gammes de produits en gondoles d’hypermarché, voir la typologie (...)
24/11 01:17 - ddacoudre
Bonjour Emmanuel et Emile red Merci pour vos commentaires que je vais discuter car ils sont (...)
23/11 20:43 - ddacoudre
bonjour red. c’est bien pour cela que je parle aussi d’abstention, mais il y a (...)
23/11 11:45 - Emmanuel
Bonjour ddacoudre, vos considérations sont louables, mais bien trop chargées d’éthique (...)
23/11 11:01 - Emile Red
« Le vote blanc est un moyen d’expression il signifie bien son désaccord » Là est bien (...)
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