Aujourd’hui c’est quoi être libéral
Je suis un libéral, mais pas un mystique et je ne partage pas l’orientation politique libérale décidée à partir de 1994, qui se veut être la domination de quelques-uns sur tous les autres et qui est donc en rupture avec ses propres principes, le droit à la propriété et à la liberté.
De particuliers singuliers, vous, moi, possesseurs nominatif d’un bien ou d’un titre économique de producteurs de biens et service, et puis encore nous, avec en plus tous les autres sans titre de propriété économique et ne disposant que de leur force de travail (au sens marxiste) pour la partie du territoire national qui n’a pas eu d’acquéreurs singuliers nommément désignés et qui est ouvert à tous, donc publique.
Ce domaine public collectif, nous le gérons suivant sa destination par les collectivités territoriales qui en sont les propriétaires au nom de tous.
Nous disposons donc chacun de son usage par procuration élective, sans pour autant en avoir nommément la jouissant directe, autre que celle d’y circuler ou d’en faire l’usage dans leur destination publique que ce soit par la commune, le département, la région, l’Etat...
Alors qui peut interdire à tous les citoyens, se composant des possédants singuliers plus des possesseurs du domaine public collectif de faire commerce, de disposer chacun à titre privé d’un « coupon » de souveraineté de la propriété collective par l’intermédiaire de leur élu à qui il donne mandat d’agir en leur nom suivant les orientations définies majoritairement et non exclusives en dehors du champ d’utilité publique.
Est-ce que cela s’oppose à la propriété privée des citoyens
singuliers ?
Par contre ceux qui au nom du libéralisme ne veulent limiter
l’accès à la propriété privée économique qu’a ceux qui disposent des ressources
pour l’acquérir directement, et instituent la richesse comme agent de sélection naturel distordent de fait sa porté historique contrairement à
son fondement philosophique et moral du droit naturel qui sous tend l’exclusion
de la domination de l’un par l’autre.
Donc la propriété collective nationale par sa représentation permet aux citoyens démunis ou pas s’ils le désirent de pouvoir s’investir dans le champ économique et peser sur le marché comme agents économiques autre que salariés pour ceux qui n’ont que cela et donc partie intégrante de la loi du marché. Ce fut le débat autour des nationalisations.
Pour saisir cela il faut avoir à l’esprit que le fondement
du libéralisme est égalitaire en droit et ne juge pas de la forme d’accès de
chacun à la propriété privée, l’actionnariat découle du même processus et nous y
voyons se dérouler les même rejets de la part des dominants systémiques qui ne
sont en rien des libéraux, mais des capitalistes qui réclament en tordant la
philosophie libérale leur domination exclusive sur le commerce. Ils réclament la domination de l’entreprise comme entité, ils réclament à la démocratie de reconnaître leur pouvoir totalitaire.
Le libéralisme rejette la puissance de l’Etat dans son acception « monarchiste », totalitaire et monopolistique. Ce qui ne signifie pas que toutes relations humaines doit faire l’objet d’un marché concurrentiel
Nous pouvons même considérer qu’un particulier ou un groupe de particuliers qui par le jeu de la propriété privé nominative détiendrait de fait la totalité du territoire aurait dévoyé le libéralisme de son sens pour reconstruire la domination "monarchique" que nous nommons oligarchie quand elle se fait par l’économie. Tout comme l’absence de propriétaires singuliers caractériserait le communisme par la domination de l’Etat souverain au nom du peuple, qui n’est pas la même chose que le peuple souverain représenté par l’Etat.
Alors la souveraineté du peuple par la puissance publique serait en droit au
nom de la même pensée libérale d’exproprier le ou les particuliers pour situation de monopole qui soumet la liberté individuelle.
Ne me dites pas que vous trouvez des ressemblances avec les concentrations et fusions.
Tout citoyens serait également fondé de s’opposer à un Etat qui lui interdirait de vouloir disposer suivant son gré des réalisations qu’il peut entreprendre (la régulation de ces actions est autre chose), ce fut l’action des libéraux dans la lutte contre la monarchie et celle plus récente contre le communisme, sauf que les capitalistes sont venus en brouiller la vision.
Il nous apparaît donc déjà qu’il n’y a pas de solution en dehors d’un jeu de circulation, d’un mouvement qui ne peut pas être l’équilibre statique.
Mais alors à quel titre des possédants singuliers interdiraient par un accord international aux autres particuliers du domaine public collectif de se livrer au commerce par délégation, en se donnant par l’impôt collecté ou la cotisation les moyens en capital qu’ils n’ont pas individuellement pour acquérir des propriétés industrielles et commerciales collectives et ainsi participer à la concurrence commerciale de la loi du marché, si chère aux libéraux, qui les intégreraient au lieu de les rejeter.
Qui peut imposer que tout doit être marchant à but lucratif et dire que les relations humaines ne sont que commerciales, le libéralisme ne dit pas cela.
Nous ne sommes pas dans la situation d’une monarchie de laquelle le libéralisme a voulu s’émanciper, nous sommes dans une démocratie laïque dont la souveraineté appartient au peuple et non à sa représentation qui en est l’Etat par délégation, et dont l’action peut être contestable quand elle ne privilégie qu’une catégorie de la population, en opposition avec la philosophie libérale.
Sauf pour les ultra libéraux qui estiment la démocratie contraire à l’esprit du libéralisme, puisque la majorité s’impose aux autres et que l’Etat doit limiter son action à la police, l’armée, la justice, comme l’envisage les accords de l’AGCS.
Mais pour équilibrer cet inconvénient qui peut rendre la majorité totalitaire en imposant ses choix aux autres en contradiction avec ses fondements libéraux, il existe l’opposition et le droit de tous de s’organiser pour défendre ses intérêts particuliers (partis, associations, organisations syndicales).
Nous voyons bien au travers de cela que notre président n’est pas un libéral car il ne cesse de répéter que sa majorité doit s’imposer aux autres et que l’opposition doit être de principe.
Au fil des débats ignorants ces susceptibilités, et par souci d’efficacité nous avons investi la représentation d’un pouvoir exécutif, qui ne fait pas de ceux qui sont élus à ces postes des monarques dont il faut s’émanciper parce qu’il disposerait d’un pouvoir absolu.
Et eux non plus n’ont pas à se considérer comme étant la nation et entre deux élections se croirent monarque et privilégier les opinions de groupes qui au nom du libéralisme capitalistique imposent leur diktat, contrevenant de fait à l’éthique même de l’idéologie à laquelle ils se réfère.
La morale libérale peut se résumer par un seul précepte : Tu ne violeras pas les droits naturels d’un autre être humain. Elle laisse chacun libre de choisir ses propres fins, ses propres moyens et sa propre morale, dans la mesure où il n’empêche pas les autres d’en faire autant.
Ce qui est bien le contraire des lobbys, de la manipulation, du conditionnement et du principe publicitaire qui nous caractérise aujourd’hui.
La République se dit garante de la propriété privée et des libertés au nom de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et à ce titre la propriété publique en est une car elle est celle de 63 millions d’habitants.
Mais la pensée libérale a ses limites puisqu’elle n’est pas une vérité.
Je vais faire une courte démonstration caricaturale et le démontrer par une aporie.
La superficie du territoire français est de 552 millions de
mètres carrés et nous sommes 63 millions de Français. Si chacun devait disposer
au nom de la propriété privée et de l’égalité une parcelle du territoire nous
aurions chacun
Fier de notre propriété, donc la loi nous en garantit l’inviolabilité, chacun dans son périmètre mourrait heureux d’avoir été un libéral intégriste.
Allez nous ne sommes pas aussi sots, par la chance du contrat nous pouvons nous entendre et nous organiser afin de pouvoir circuler d’une parcelle à une autre. Cela fait 63 millions de contrats au carré soit 4 milliards de contrats, et ainsi une majorité absolue autoriserait chacun à circuler chez chacun et définir ainsi un espace commun, public, collectif, le communisme.
Ensuite il y aurait très certainement des personnes entreprenantes qui par contrat regrouperaient leurs parcelles pour en faire une plus grande afin de l’exploiter commercialement pour eux puis pour les autres, alors il faudra créer des infrastructures, se répartir les tâches et fonctions et donc constituer un corps représentatif de tous, car tous ne peuvent être partout.
Dans notre organisation ce regroupement de parcelles s’appelle le domaine public dont certains possèdent nominativement la jouissance transmissible, mais qui peuvent en être dessaisie par décision d’utilité publique, le contrat s’appelle la Constitution et le corps représentatif de la population s’appelle l’Etat.
Alors, entre l’aporie libérale et communiste, il y a bien d’autres possibilités. La possibilité pour les entreprenants (employeurs) d’innover et de se faire aider par les autres (salariés) dans leurs projets. Mais les autres aussi peuvent s’organiser pour entreprendre et innover en passant par l’Etat et ainsi peser dans la vie économique, sans qu’on leur fixe des restrictions et des interdits, parce qu’ils viendraient concurrencer les entreprenants qui réclament justement la libre concurrence au nom de la loi du marché. Pourtant les autres quand cela se justifient aident les uns au travers de leur impôt que redistribue l’Etat.
Il y a donc de la
place pour l’un à titre privé nominatif et les autres à titre collectif public. Ils peuvent éventuellement se trouver en concurrence, mais les uns ne peuvent
pas prétendre que les impôts qu’ils versent et qui servent les innovations des
autres soient une mauvaise concurrence à partir du moment où les uns tirent leurs
ressources de l’aide des autres. Ce ne serait que faux procès.
La réalité du discours libéral dévoyé actuellement n’a qu’une visée monopolistique qui ne concerne même pas les petites et moyennes entreprises, je serais tenté de dire de même pour les grandes qui ne sont pas liées à un groupe, mais poursuivent un but clair et hégémonique : dominer le marché de tous, ce qui peu faire l’objet d’un profit sans aucune restriction que celle en référence aux exclusions libérales (justice, police, armée).
Ce discours monopolistique n’est pas une nouveauté puisque la loi antitrust en découle.
Mais la malignité résulte de faire croire qu’au nom du libéralisme qui se fonde garant de la liberté de chacun d’être respecté dans ses choix, ils imposent par leur puissance économique la décision de quelques possédants sur tous les autres, eux qui regardent la démocratie comme la contrainte de la majorité sur les autres.
Ceci n’est pas une nouveauté, ce qui l’est, c’est que ces groupes de pressions dit « libéraux » ne respectent pas le choix des autres quand ils exigent que des services (qu’ils n’ont pas mis en place par égoïsme capitalistique) écartés du domaine marchand par la volonté ou l’histoire de leur création doivent y être soumis au nom du libéralisme qui dit que chacun doit être respecté dans ses choix, et ils n’ont aucune gêne à faire le contraire au nom de la recherche de leurs intérêts, qui nous ont conduit au développement capitalistique qui exploite les autres dans une quête permanente exponentielle du profit, en imposant leurs choix par le jeu de la concurrence conduisant ainsi le libéralisme à être pourvoyeur de son antinomie.
Le libéralisme est d’abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.
Il semblerait donc pour les libéraux modernes que le service ne soit ni moral ni philosophique, il semblerait que les hommes ne soient capables que d’égoïsmes hégémonique, que l’altruisme soit une vue de l’esprit comme la solidarité égoïste et que ceux-ci se doivent de retourner à la charité et aux mécénats des possédants que la chrétienté invite à dispenser.
Il semblerait pour les nouveaux libéraux qu’il y ait eu inversion, et que de la doctrine économique l’on en retire la morale et la philosophie qui refonderait le libéralisme sur la base d’une seule relation capitalistique ou chacun doit, excusez-moi l’expression, "enculer l’autre", Attali dit développer des comportement déloyaux, c’est incontestablement plus joli.
Cette vue est réductrice des facultés d’apprentissage humain, s’il reste exact que seul un désir impérieux déclenche son action, l’altruisme et la solidarité égoïstes en sont également et ce n’est plus à démontrer. Il sont également de nature à fonder une économie qui se marie mieux avec la morale libérale que le diktat des possédant qui se disent libéraux parce que cela justifie qu’ils contraignent et soumettent des peuples entier.
Irons-nous vers un nouveau libéralisme.
Fondé sur les droits naturels dont il découle la responsabilité des individus disposant du libre arbitre, il faudra que ce fondement intègre les nouvelles données des sciences d’aujourd’hui qui établissent formellement que les événements environnementaux (nous y compris) déterminent toutes nos actions car à leur stimulation notre cerveau donne la réponse appropriée, innée ou culturelle (distinction d’usage). Nous ne disposons donc pas du libre arbitre, mais nous sommes sous la condition des événements environnementaux que nous modifions par nos actions et qui en rétroaction en provoquent d’autres.
Ceci ne rend donc pas irrémédiable la relation capitalistique du commerce et de la production, ni la pensée libérale.
Lorsque Ford a défendu l’idée de distribuer plus de ressources aux salariés pour qu’ils puissent acheter leurs productions sur laquelle l’entrepreneur s’enrichit si nous avions appelé cela « ressource d’externalité » les comportements des hommes auraient été autres que celui que leur suscite le mot charge. Et au lieu de réfréner les salariés dans leurs demandes, ce sont les employeurs qu’il aurait fallu restreindre dans la distribution de ressources qu’ils savent récupérer. Faut-il douter de cela ? Il n’y a qu’à observer nos comportements depuis que les ouvriers sont devenus salariés et les usagers des clients.
Enfin l’axiome d’Adam Smith est une lumineuse reconnaissance de l’inné culturalisé par l’environnement, dont les intrications engendrent toute société. Maintenant quelle soit une meilleure société mieux qu’en y songeant, c’est nier le comportement collectif et idéologique dans lequel se meut l’individu et auquel il ne peut se soustraire, même s’il ne fait mieux les choses que lorsqu’il s’en sent solidaire.
Et pour reprendre Foucault, « en apparence, ce n’est que la solution d’un problème technique, mais à travers elle, tout un type de société se dessine »...
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