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Commentaire de Krokodilo

sur Le quart de la planète peut aujourd'hui parler une même langue


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Krokodilo Krokodilo 30 novembre 2007 17:23

« Un enfant, dans un contexte international, qui ne parlerait pas anglais aujourd’hui verrait nombre de portes se fermer devant lui. Tous les scientifiques que je connais qui n’ont pas fait d’anglais première langue le regrettent aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’idéologie mais de réalités. »

Non : les journaux économiques et l’UE reconnaissent que les entreprises ont des besoins linguistiques variés. Si vous avez un chionois assez bon, moyen, aucun problème pour postuler dans une grande entreprise, même avec un anglais passable. Et un scientifique peut très biejn atteindre son niveau dans sa propre langue, et ensuite déchiffrer le langage technique de ses revues anglophones s’il en a besoin, et tous n’en ont pas besoin. Savez-vous que très peu d’articles scientifiques publiés sont réellement lus ? Evidemment que certains métiers en ont actuellement besoin, mais il n’est pas nécessaire pour cela de coller tous les petits Européens à l’anglais dès le CE1, un adulte motivé peut apprendre une langue et atteindre le niveau d’un élève qui a fait 2000 heures à l’école. De plus, enfant, on ne sait pas dans quel pays on va travailler à l’âge adulte. Simplement, de puissants lobbys nous font croire que c’est une fatalité !

« Comparer l’anglais à de l’esclavage est franchement exagéré. »

Il m’est arrivé de parler d’esclavage linguistique, mais dans le cas présent il s’agissait d’une métaphore pour indiquer qu’il faut parfois s’élever contre une injustice, comme certains se sont élevés contre l’esclavage.

« On peut souvent choisir une autre première langue à l’école (l’allemand pour tout l’Est de la France) »

Souvent ou parfois, ou rarement ? Voilà où on en est, aucune statistique officielle, pour cacher que l’anglais est imposé à plus de 90% des élèves (stat perso à partir de deux écoles), d’autant plus que les jeunes instits valident majoritairement l’anglais dans les IUFM ! Mécanisme d’autant plus vicieux que le pas suivant sera de dire (c’est déjà indiqué de façon alambiquée dans les circulaires officielles) que la langue commencée au primaire doit être poursuivie au secondaire ! Le tout sans débat ni loi, ni article dans les médias...

« Il faut vivre dans un pays comme la Grèce à la langue peu diffusée pour comprendre qu’il n’y a pas de salut avec la langue grecque seule. Les livres techniques ne sont pas traduits, on ne peut plus communiquer en dehors des frontières, »

Dommage pour le grec s’il accepte de dépérir comme le suédois, de ne plus actualiser son vocabulaire technique ou même quotidien. Ces langues vivent mais s’affaiblissent considérablement.

« Je pense qu’une langue de communication (ou langue « pont » comme vous l’appelez) ne peut pas être évolutive, ou seulement dans le sens de la simplification (cf. le latin) et c’est en cela que c’est davantage un code qu’une langue. Un code n’est modifiable qu’avec le consentement des utilisateurs, ce n’est pas le cas d’une langue vivante pour laquelle l’évolution se fait d’elle-même, sans concertation de bureaux linguistique ou autres instances dirigeantes. »

C’est bien là le problème : beaucoup de gens disent ce qu’ils pensent de l’espéranto, ce qu’ils croient, mais ce que vous pensez est-il la réalité ? Vous savez ou vous pensez savoir ? Il est très facile pour une langue agglutinante et isolante d’évoluer, c’est un véritable légo ! En outre, vous vous trompez pour le fonctionnement : comme en français, l’Académie n’intervient que rarement et à posteriori, pour trancher quelques avis divergents, mais ce sont les locuteurs dans leur ensemble qui font la langue, à condition de respecter les règles de base.

« Mitterrand ne parlait rien d’autre que le français. C’est inconcevable pour un homme politique d’un pays à la langue peu diffusée. Le français aussi se comporte comme une langue « impérialiste ». »

Mitterand s’est montré sur ce plan là (pas sur tous les plans) digne de De Gaulle, un représentant officiel du gouvernement doit parler en français dans toutes ses fonctions officielles. Qu’en privé, il fasse montre de ses connaissances, ou fasse plaisir à ses hôtes, bravo, mais la traduction existe pour une raison pratique : le risque de malentendu est bien trop grand. Qui plus est, l’UE doit (devrait), plus que les autres, respecter une neutralité linguistique, sinon, on nous a menti ! D’accord avec vous sur le français, les grand-messes de la francophonie me gênent un peu, car si certains écrivains aiment notre langue et notre culture tant mieux, mais comment nier le passé colonial de toutes les grandes langues ? Il y a donc une contradiction majeure dans vos propos : le français aussi se comporterait de façon impérialiste, mais vous répétez plusieurs fois le mot « naturel » quand il s’agit de l’évolution de l’anglais, c’est illogique.

« Je pense simplement que certaines choses échappent au contrôle de la raison et se forment sans qu’on en ait vraiment conscience. Les langues sont de celles-là. »

Du tout, les langues sont une émanation de l’intelligence humaine, le fruit de la pensée, de la communication et de la transmission, y compris l’espéranto. Il faut d’ailleurs se rappeler que depuis des siècles de grands penseurs ont évoqué l’idée d’une langue auxiliaire qui serait plus facile pour que le plus grand nombre puisse communiquer, pas simplement les diplomates ou les lettrés (à condition qu’ils aient une langue en commun), et maintenant que ce pas de géant a été accompli, l’impérialisme de nombreux gouvernements freine des quatre fers sa diffusion, chacun préférant soutenir au contraire sa propre langue : British Council, Alliance française, instituts Confucius, et depuis 2007 Rouski Mir (buget 300 millions de roubles pour 2007). Où est l’évolution naturelle quand on investit autant ?

« C’est le constat d’une simple réalité. On ne peut pas traduire tout en 200 langues, il est nécessaire de posséder une base commune. Il se trouve que c’est l’anglais... »

Alors on nous a menti, car l’UE repose sur l’égalité des peuples et des langues, le grand mensonge ! Et le refus de reconnaître ce besoin d’une langue auxiliaire commune (d’accord avec vous sur ce point !) Tout en niant l’évidence est quasiment schizoïde.

Pour conclure, je crois que personne ne nie que le monde économique libéral soutient massivement l’anglais. Or, si l’on applique au besoin d’une langue auxiliaire commune un raisonnement d’entreprise, quel serait-il ? L’UE lancerait des études de marché, des commissions d’études, des expérimentations de traduction, pour déterminer quelle langue a le meilleur rapport coût/efficacité, temps/résultats, en terme de langue pont ! L’UE ne le fait pas, pas du tout ! Et le seul rapport sérieux qui comparait le coût, la faisabilité et les résultats probables des différentes solutions (anglais, langue rare, espéranto, traduction intégrale de tout document et toute réunion) (le plurilinguisme ou les 3 langues de travail ayant déjà montré qu’ils aboutissaient à l’anglais), le rapport Grin, commandé par la France (Haut conseil à l’éducation) disponible en ligne, a été boycotté par tous les médias français ! Appliquons donc cette logique d’entreprise et nous verrons qu’il n’y a pas un seul argument valable contre l’espéranto comme langue pont qui tienne la route !


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