Bananés. (Ou : contre discours).
Bonne année nous dit un né nabot. Oh ! Je ne me moque pas de la petite taille mais plutôt de la taille de notre pouvoir d’achat qui est en pièces. Demander à un homme foncièrement de droite de faire du « social », c’est une gageure insoutenable. Il nous parle d’une politique des valeurs, d’autres valeurs que celles de la bourse. Est-ce que les veaux du général vont gober ça ? Vous connaissez l’histoire du scorpion qui voulait traverser la rivière sur le dos de la grenouille et qui, au beau milieu de cette rivière, pique cette grenouille et coule avec elle. Cette histoire nous dit que le scorpion est fait pour piquer, qu’il ne peut résister à ce tropisme, que celui-ci le rattrape en toutes circonstances. L’homme de droite nous montre qu’il est foncièrement de droite dans son action et que la feinte de son côté gauche ou social, tient d’une démagogie électoraliste plus que d’un sentiment de compassion. Action pour les accapareurs de la richesse nationale, prédateurs de tous poils, et paroles pour les plus pauvres. Jusqu’à présent, la politique n’était que parole et les arguments tenaient de la dichotomie de la pensée binaire gauche-droite. L’action est enfin venue mais uniquement au grand avantage de la droite, des nantis. Enfin, nous savons clairement pour qui et pourquoi nous trimons. Il a parlé d’urgence, notre factotum national ; autrement dit, c’est foutu ! Quand on parle de l’urgence, c’est qu’on la fuit. L’urgence est quelque chose de spontané, Monsieur le Président, et l’action individuelle par excellence. L’urgence, ça devrait déjà être fait. Mais votre urgence à vous a été de rassurer les plus riches par des dégrèvements fiscaux. La charité bien ordonnée, dit-on, commence par soi-même ; vieille formule, trop ambiguë pour être bien comprise. Pour ma part, cette année, je souhaite que les actions des plus démunis s’élèvent enfin contre les actions de ce qui monopolisent les actions des entreprises. Je souhaite que le fruit du travail des hommes soit mieux partagé, que l’outil de travail commun ne se délocalise pas au profit de financiers inconséquents qui partent avec la caisse. Si délocaliser est une action financière juteuse, les travailleurs non seulement, n’en voient pas la couleur, mais n’ont plus qu’à augmenter les effectifs du chômage et que les yeux pour pleurer. La participation prônée par le Général De Gaulle, n’a jamais été effective et les syndicats, plus corporatistes que clairvoyants, n’ont jamais incité les ouvriers à demander des parts signifiantes dans les entreprises. Spartacus n’a toujours pas une armée qui puisse croire à la victoire. Les esclaves ne s’impliqueront donc pas dans le pouvoir, c’est trop leur demander. Le parti communiste leur a tellement dit que l’argent, c’était : « les autres », comme si ce déterminisme était inéluctable. L’arme absolue est l’argent et cet argent qui est le salaire du travail passe les frontières comme l’eau entre les doigts. L’Etat providence, c’est fini. Les corporatismes de métiers sont d’un autre temps ; ils n’ont pas pris le train en marche. Il n’y a plus de « force de travail » à négocier. Le temps est venu pour tous de s’intéresser à la gestion des entreprises. Les syndicalistes n’ont pas le courage d’appliquer la technique du cheval de Troie, de prendre des responsabilités tous azimuts. L’actionnaire reste actionnaire et le plaignant reste plaignant. S’il y a une chose à bien saisir de la politique de notre président, c’est de s’immiscer plus dans la finance pour gagner plus car tout se joue là. Apprenez l’économie et la gestion, messieurs les syndicalistes et moralisez-les si vous en avez le charisme. De grâce, cessons de nous plaindre, de nous sous-estimer. C’est d’assistance et de manque de convictions dont nous souffrons. Crier et revendiquer auraient une valeur inestimable si c’était pour les exclus de cette société, si c’était à titre gratuit, non pour nos propres intérêts. Le secours ne peut venir que de la base si elle est généreuse et consciente de son importance. Si la démocratie est décadente, c’est qu’elle est devenue tyrannie éclatée. Il urge de demander des comptes aux plus gros de ces tyrans qui détiennent une très grosse part du PNB et de mettre le nez dans leurs affaires. Avec un peu d’imagination David a vaincu Goliath. Pour qu’une victoire soit celle de tous, je souhaite de l’imagination aux travailleurs et surtout de croire en leur étoile, cette petite lueur du for intérieur qui n’est jamais complètement morte. Bonne année 2008 !
A.C