Pour la forme, d’abord : les "laïcs" ou les "laïques" ? Le Bon Usage de Maurice Grevisse et André Goose (14e édition) mentionne (R2 -496) que "le masculin "laïque" est constant pour le sens "partisan de la laïcité". En Belgique surtout, le laïc, c’est celui qui assiste le curé ... ! Quant au fond de la question : à mon sens, la conscience (morale) d’un croyant est fondée sur l’enseignement moral inspiré de textes "sacrés" : des impératifs, des commandements (la carotte et le baton). Tous ces textes religieux, à prendre "à la lettre", incitent à la soumission et à l’obéissance : à un dieu, quel que soit son nom, aux parents, aux éducateurs, etc ...Seuls certains protestants, en permettant une certaine interprétation des textes bibliques, ont, en quelque sorte "inventé" le "libre-examen", expression typiquement belge. Il est vrai que, pour survivre sous nos latitudes, le catholicisme ( Jean XXIII, mais rectifié par les deux derniers papes ... ! ) a dû mettre de l’eau dans son vin dogmatique en récupérant certaines valeurs humanistes de la laïcité (autonomie, responsabilité individuelle, ouverture à l’autre, tolérance, ...). Par contre, le prosélytisme religieux , lui, reste vigoureux pour tenter de freiner la déconfessionnalisation croissante en Europe...
Pour le laïque, au contraire, qu’il soit agnostique, non-croyant ou athée, c’est sa conscience qui est le seul juge. Si l’on excepte certaines maladies mentales ou des lésions cérébrales accidentelles, ou encore les séquelles d’un passé traumatisant non récupéré, on peut considérer, me semble-t-il, que la conscience morale, le sens des valeurs (librement découvertes et acceptées), le respect de l’autre et de sa différence,..., loin d’apparaître ex nihilo ou "par l’inspiration du saint esprit ", ne s’acquièrent que par une éducation adéquate, "humanisante", fondée essentiellement sur l’apprentissage des limites et du respect, sur l’exemple des parents et des éducateurs, sur des expériences affectives, vécues ou suggérées par empathie, parfois a contrario, sur l’autonomie, l’esprit critique et sur la responsabilité individuelle, etc ...
Cette morale laïque n’est évidemment pas anti-religieuse : non prosélyte, elle vise au contraire à permettre aux jeunes de choisir, aussi librement et aussi tard que possible, de croire ou de ne pas croire. C’est le fondement de l’humanisme laïque, hélas encore combattu par les religions, ce dont profitent les sectes ...
Michel THYS, à Waterloo.