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Commentaire de Brieuc Le Fèvre

sur La théorie du pic pétrolier est fausse


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Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 17 mars 2008 21:43

Le carbone existe dans la terre, de la surface au noyau. Il y existe sous des formes variées (CO2, graphite, hydrocarbure, diamant, etc). Qu’une part de ce carbone soit présent sous forme d’hydrocarbures abiotiques, pourquoi pas ? Seulement il ne faut pas oublier que le devenir du carbone, à grande profondeur et haute température, c’est de "craquer" ses molécules volatiles (les hydrocarbures) pour se transformer en CO2 ou en graphite (puis diamant). C’est pas des rêves de théoricien dogmatique, c’est de la thermodynamique. Si le chemin inverse reste possible (diamant, puis graphite et enfin hydrocarbure), la production doit être très faible, et surtout diffuse. Comment récupérer cela à travers la roche vive des continents ? A tout prendre, tant qu’à faire de tels trous sur des km de profondeur, on aurait plus vite fait de récupérer directement la chaleur (géothermie).

En réponse à ceux qui pensent que la vie est bien incapable de produire tant de pétrole, je rappelle que l’atmosphère primitive de la Terre était un mélange mortel de CO2, ammoniac, méthane, azote. Ce sont les cyanobactéries (des bactéries photosynthétiques) qui ont peu à peu pompé le CO2 et émis de l’oxygène, jusqu’à atteindre la proportion de presque 21% aujourd’hui ! La vie est si intimement liée à l’évolution de notre planète que certains géologues affirment même qu’elle serait responsable de la tectonique des plaques. En effet, la vie aurait permis, sinon l’émergence, du moins le maintien des conditions d’existence de l’eau liquide, donc des océans. Cette eau altère les roches de surface, qui sont "normalement" des basaltes, plus denses que le manteau supérieur lorsqu’il sont à la température de surface (la croûte basaltique a donc tendance à "couler" au bout d’environ 180 millions d’année en surface, le temps de se refroidir assez pour devenir globalement plus dense que le manteau sous-jacent). L’altération (présence d’eau dans la roche atteinte) se traduit par une déshydratation lors de la subduction du basalte refroidi. L’interaction de l’eau et du manteau terrestre entraîne la formation de magmas acides (andésites essentiellement), d’où dérivent des roches de type granitique, moins denses que le manteau à la température de la croûte. Ces roches restent donc en surface, et s’agglomèrent les unes aux autres pour former des continents. Les continents dérivent à la surface partiellement fondue du manteau supérieur (appelé asthénosphère).

Conclusion de cette théorie : sans la vie, il n’y aurait pas de tectonique des plaques (ce qui est observé sur Vénus par exemple).

Enfin, à ceux qui pensent que de découvrir de nouvelles ressources va sauver le modèle occidental de la croissance, je propose cette réflexion.

Imaginez une "planète" constituée d’une bouteille habitée par des bactéries. Leur population double toute les minutes. Nous convenons que la bouteille se trouve vide à 11h00, et pleine (croissance zéro imposée dès cet instant) à midi pile aujourd’hui. Je pose trois questions :

1 : à quelle heure la bouteille était-elle à moitié pleine ? Réponse : 11h59.

2 : si vous aviez été une de ces bactéries, à quelle heure vous seriez-vous rendu compte de la fin inéluctable de votre modèle de développement basé sur la croissance ? Retour en arrière. 11h59, bouteille à moitié pleine. 11h58, 1/4. 11H57, 1/8. 11h56, 1/16. 11h55, 1/32. Cinq minutes avant midi, combien d’entre-vous aurait vu la fin prochaine, alors que 97% des ressources restaient inexploitées ?

3 : Admettons que la prise de conscience arrive avant la fin du temps imparti, et que les bactéries partent à la recherche d’autres ressources. Elle vont partout, et trouvent 3 autres bouteilles. 3 fois plus que toutes les ressources auparavant disponibles ! Voilà qui va certainement assurer un développement durable, avec le régime de la croissance comme base, n’est-ce pas ? Et bien, voyons de combien ce quadruplement des ressources initiales (nous passons de 1 à 4 bouteille au total) va prolonger le développement de la civilisation des bactéries croissantistes. Midi, une bouteille est pleine. Midi et 1 minute, deux bouteilles sont pleines. Midi et 2 minutes, les quatre bouteilles sont pleines. Game over.

Comprenez donc bien que, quoi qu’il arrive, le modèle de développement par la croissance n’est pas soutenable, et que faire des voeux pieux à propos de ressources supposées, hypothéthisées ou rêvées (voire hallucinées) ne changera rien ; la croissance est un phénomène tel qu’il arrivera rapidement à dépasser la somme des ressources disponibles dans tout l’univers. C’est une loi arithmétique, pas une vision pessimiste de l’esprit.

Un dernier point pour recentrer le débat sur notre bonne vieille Terre : une croissance de 5% l’an correspond à un doublement tous les 14 ans. Ce qui veut dire que si nous épuisions aujourd’hui tout le pétrole connu, il nous faudrait en découvrir (sans parler de l’exploiter à un rythme suffisant !) trois fois plus que TOUT ce que nous avons déjà découvert pour poursuivre notre modèle de développement pendant... 42 petites années.

 


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