Merci, Paul, de cette lecture.
Je partage entièrement votre opinion sur tout : vulgarité, laideur, insipidité, immaturité, veulerie médiatique.
Mais je me pose cependant une question, une question technique, ou de lecture (ou les deux) sur laquelle votre rebond m’intéresserait si vous aviez une seconde à y consacrer :
Ne peut-on lire cette image encore à un degré en amont, non plus pour y mettre à jour - j’allais dire pour y mettre à nu - comme vous le faites, les sens (euh...) qui y sont cachés, mais en lisant cette fois de cette image l’existence de la nature brute : un nu bien décevant, et en traitant cette fois pour le décrypter, non plus ses contenus, mais l’existence même du contenant ? bref : non pas en traitant cette image comme une somme de contenus dans un contenant supposé racoleur, mais en regardant comme un symptôme son existence et son devenir ?
Car enfin, de quoi s’agit-il ? Non pas de quoi s’agit-il au fond ? (ce à quoi vous répondez bien je crois) mais : de quoi s’agit-il en fait ?
Il s’agit d’une mise à nu, décevante au point qu’on se demande ce qu’il faut voir à défaut de comprendre, et à laquelle on attache si peu de prix qu’on s’en défera pour ce que le mieux disant voudra bien en proposer (et c’est dans ce dernier point que je voudrais voir une lueur d’espoir).
En fait, cette image ne représente t-elle pas le degré zéro de la présidence (pas celle-ci précisément, je veux dire ce qu’est devenue la présidence) ?
Au-delà de la présidence et par contrecoup, cette image et sa vente ne représentent-elles pas le degré zéro de ce qu’est devenue la république (pas celle-ci, pas la 5ème), sous l’effet pervers des surenchères de danse du ventre auxquelles se livrent les politicien(ne)s professionnel(le)s pour aguicher ce que le peuple a de plus vulgaire ?
Parvenus à ce stade, nous voilà proprement "bien avancés" ! jusqu’où ira la prochaine ? nue comme un ver, trapèze volant - et sans les mains s’il vous plaît ! - sur le couvre-lit léopard ? et qui ? la secrétaire du président, pour faire plus vil et plus inintéressant que la première dame de France ?
Sommes-nous très loin, à ce point, d’une remise en question d’une démocratie gavée de démagogie jusqu’à l’écoeurement ?
A force d’iconoclastie, l’époque (plus que le président) a effacé les intermédiations entre le haut et le bas, livrant en pâture, et par la bande si l’on ose dire, la face cachée non pas du président mais de la présidence (on se rappelle le mot de guitry : "ce qui m’ennuie le plus dans le fait d’être cocu c’est que maintenant tout le monde va savoir de quoi je me contente"). Tout est donc confondu comme on le voit bien dans la rue et dans la cité, mais quelle société saurait se passer de hiérarchie ?
Vulgaire comme une montre trop voyante pour son prix, l’existence même de cette image, comme l’existence de sa vente et comme aussi le mauvais goût garanti d’avance de son acquéreur (dont la seule élégance possible serait un achat pour destruction immédiate, discrète mais annoncée brièvement et sans commentaire) n’est-elle pas le symptôme précurseur d’un stade terminal ?
Je laisse aux journalistes de répondre à la question "terminal de quoi ?" ... !
Disponibles au rayon prêt-à-penser, vous trouverez "la fin d’une certaine idée de la france" avec effacement de la grande ombre du général qui n’en finit pas de planer, ou encore "la fin du suffrage universel aux présidentielles", cette aberration moins pire que les autres qui garantit la bêtise et la veulerie d’un peuple mieux que sa liberté d’expression, ou encore "la fin de la soixante-huitarde interdiction d’interdire", ou encore ...
Mais ce pourrait être aussi le commencement de la fin d’une mémorable gueule de bois après la mauvaise cuite consécutive à l’absorption de trop de mythes : à travers son mal aux cheveux, dépité de voir le monde se détourner de son nombril qu’il croyait si beau à force de se l’entendre dire, en un mot : touchant le fond où se trouve cette image, on ne peut exclure que la relève démographique laisse enfin la place à la relève idéologique condition de notre retour à la table du monde.
Suite logique et prolongement symptômatique d’une présidence en short, cette image qu’on lâchera au plus offrant et pour aussi peu qu’il dira, serait alors un bien salutaire nec plus ultra, le coeur du message étant alors que cette petite extrémité ne sera laissée qu’à la négligeable muflerie de son petit acquéreur.