je crois, Paul, qu’il ne faut pas confondre la fin d’un monde avec la fin du monde.
Certes je n’ai pas votre expérience en la matière, mais j’ai été prof pendant assez longtemps pour proposer une ou deux idées :
tout le monde sait que depuis maintenant des années, dans tous les classements sans exception où les résultats des structures françaises d’enseignement sont comparés à ceux d’autre pays, sur une quarantaine de comparaisons nous arrivons régulièrement dans les dix derniers quand ce n’est pas dans les cinq derniers.
Dans le même temps tout le monde constate que la seule réforme qui pourrait trouver grâce auprès des enseignants serait l’augmentation du nombre de postes. Toute autre est immédiatement rejetée.
Tout le monde sait que depuis des années le nombre d’élèves est en diminution, et que depuis des années on a continué à augmenter le nombre de profs, tout en constatant l’augmentation des problèmes.
Tout le monde sait que depuis longtemps les gens qui choisissent d’être profs choisissent un mode de vie et non pas une carrière ni une passion pour leurs élèves.
les structures françaises actuelles d’enseignement sont ce qu’on en a fait, de façon consciente, d’abord voulue puis de plus en plus incontrôlée : une garderie pour les plus petits [avez-vous lu "il faut fermer les écoles maternelles" de Julien Dazay ? (inspecteur de l’éducation nationale)], un lieu d’endoctrinement (histoire, philo...), de destruction de l’esprit critique et des appartenances (littérature), un lieu d’apprentissage du flou et du manque de rigueur (partout), un lieu où l’on apprend que le jeu et le loisir valent mieux que l’effort, où l’on apprend à confondre passer du temps et travailler (les étudiants qui vous disent "j’ai fait cinq ans d’études !" sans même se rendre compte que ces cinq années représentent 2 ans de travail effectif...)
que penser d’un livre d’économie (dans le secondaire) qui consacre 40 pages (quarante !!!) à la précarité !!!!!?
franchement, que cette école se suicide à force d’être confite et surconfite dans le confort, qui pourrait le regretter ? (et qu’on arrête de citer les quelque écoles difficiles en zones sensibles, elles sont loin d’être toutes semblables, ou que les enseignants qui n’y sont pas bien aillent une bonne fois se reposer dans l’industrie !!)
la fin de cet enseignement n’est pas la fin de l’enseignement, la fin de cette culture du verbe ne sera pas la fin de la culture, et la fin des sachants qui vous répondent en récitant le pédagol (Philippe Meyer !) dont ils se sont gavés dans les IUFM ne sera pas la fin du savoir...
et quant aux savoirs corrects, la relève est déjà assurée : elle s’appelle wikipedia !