"Si ce que vous dites est vrai, cela veut dire que Mme Sebire a refusé d’être anesthésiée par des médicaments, cad de devenir une sorte de zombie comme en produit trop souvent notre usine à médicament qu’est la médecine en France aujourd’hui (voir entre autres www.agoravox.fr/article.php3 )."
Vous voulez donc dire que ceux qui prennent plus que des dafalgans sont des "zombies", qu’ils perdent leur dignité, et qu’elle a donc du mérite d’avoir refusé celà.
Ce qui moi me choque, dans votre phrase, c’est que déjà, vous portez un jugement sur ceux qui considèrent qu’un valium pour soigner ses douleurs, il n’y a rien de plus normal. Vous me choquez car en déclarant légitime la demande de Mme Sébire de mourrir digne plutot que "d’être une junkie", vous considérez implicitement qu’il serait normal que tout le monde en fasse ainsi.
Et je vous le dis franchement, moi j’ai peur. Peur que dans 60 ans, quand mon viel age viendra, on me sorte tout un tas de bons arguments "écoute Pépé, tu vas quand même pas prendre du Valium ! Ca te shoote, t’es pas digne, c’est bon pour les tafioles et les junkies ça ! Il est normal de se suicider à ton âge (et puis ça réduit le trou de la sécu !"...
Oui j’ai peur de ça. Peur pour ma peau. Peur de ne plus avoir suffisament d’esprit critique pour résister à ça.
De plus, vous dites :
"Du reste, je pense que sa souffrance était surtout morale."
J’ai donc l’impression que vous plaidez aussi pour l’euthanasie des dépressifs, non ?
"Qu’elle soit restée fidele à ses convictions malgré son état, mérite le plus grand des respects."
Je respecte absolument ses convictions, son état, et ses choix. Entendez par là que je ne vais pas dire "c’est une grosse conne". C’est ça le respect.
Maintenant, le respect, ça ne veut pas dire "considérer que ses convictions étaient justes, que ses choix étaient des choix éclairés, et qu’il faut que la société fasse ce qu’elle aurait voulu"
Le respect d’une personne morte ne veut pas dire qu’il faut "admettre qu’elle avait raison sur tout"
Personne ici ne cherche à décrédibiliser Mme Sébire. Personne n’oserait prétendre "de toute façon c’était une sale menteuse, c’était qu’une grosse pouf, ça fait un bon débarras" ! Il en est hors de question.
Simplement, on est en droit de préciser les circonstances de son combat pour montrer que ses convictions n’étaient peut-être pas si légitimes que ça (il n’y a aucun manque de respect à celà : c’est ce que vous et moi faisons en permanence sur ce forum) et de faire remarquer qu’il n’est probablement pas judicieux d’établir le suicide en un droit dont n’importe qui pourrait exiger de la société l’application pour lui-même.
Bien cordialement