Si les gens de droite réfléchissaient plus que les gens de gauche en 2007, ils se rendraient compte que : - voter Sarkozy au 1er tour, c’est élire Hollande - le seul moyen de contrer la gauche, c’est de voter Bayrou
Si les électeurs socialistes avaient réellement voulu contrer Sarkozy, ils auraient voté Bayrou plutôt que d’offrir à Sarkozy le loisir de dégommer Royal en beauté.
Les partisans du « suicide assisté » (ou plutôt : de « l’obligation assignée à l’Etat d’approuver moralement et de réaliser le meurtre de celui qui se considère indigne de vivre ») feront un grand pas en avant quand ils comprendront : - que ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui - que ma liberté sera menacée quand je serais affaibli, que mes congénères me regarderont avec dépit, voire même avec un regard accusateur me signifiant que je suis de trop et qu’à ma place, ils auraient depuis longtemps « arrêté les frais »
Celui qui demande à mourir sous prétexte que sa vie ne vaut plus le coup d’être vécue, qu’il est trop grabataire, que c’est trop dur d’être seul... etc... est parfaitement dans son droit (ie : on ne peut pas l’en empêcher).
Par contre, que l’Etat accède à sa requête constitue une transgression très grave : elle revient à approuver la demande du « candidat au suicide », à la définir comme normale. Par là même, cette acceptation condamne tous ceux qui vivent dans un état similaire à celui du suicidaire. Par là même, cette acceptation juge tous ces gens comme des indignes de vivre dont il serait plus normal qu’il demandassent l’euthanasie.
Ajoutons aussi qu’une telle acceptation par la société normaliserait le fait de délaisser nos anciens et de les
laisser crever tout seuls (si c’est trop dur de vieillir seul, c’est leur
problème. Ce n’est pas à nous de les accompagner, de les entourer, c’est à eux de se
suicider ! Ils n’ont qu’à faire comme tout le monde, merde alors !).
Si Papy Mouchot demande à mourir car il considère que pisser au lit et perdre la mémoire n’est pas digne d’un humain, c’est son droit. C’est offensant pour tous ceux qui pissent au lit (de 7 à 77ans, il y en a une palanqué), ainsi que pour ceux qui perdent la mémoire (moi-même par exemple), mais c’est le droit de Papy Mouchot de penser cela. Après tout, Papy Mouchot pense également que la colonisation n’a eu que des effets positifs, on ne peut trouver ça con, mais on ne lui interdit pas de le penser !
La où ça devient problématique, c’est quand l’Etat, quand la communauté des citoyens approuve Papy Mouchot : « Mais oui M.Mouchot, vous avez bien raison, perdre la mémoire et se remettre à pisser au lit c’est vraiment indigne d’un humain ! Vite, il est grand temps de vous redonner la dignité en vous tuant ! ». Quel beau message ! Quel magnifique message de tolérance, d’acceptation des défauts de l’autre, de compassion, d’aide à celui qui souffre ! Comment pourra-t’on alors tenir ce discours tout en évitant de regarder l’énurétique et l’Alzheimer sans l’arrière pensée : « mais vous êtes vraiment trop naze, au point qu’on se demande même pourquoi vous n’ayez pas demandé l’euthanasie ! »
A la rigueur, je trouverais presque moins risqué que l’Etat approuve Papy Mouchot dans ses idées sur la colonisation... au moins ça ne pousserait pas d’autre gens à se sentir de trop !
La normalisation de l’euthanasie ne contraindra (par la loi) personne à subir l’euthanasie contre son gré. Elle se contentera de contraindre le gré de toutes les personnes qui auraient voulu mourir dignement, accepter leurs faiblesses, trouver dans le regard de leur proches de l’affection, de la compassion, de l’amour, du lien humain...
A la place, ces personnes trouveront dans le regard de leurs proches une désapprobation les culpabilisant d’être encore en vie...
Alors que les partisans du suicide assisté subissent cela, je m’en lave les mains, ils n’auraient que ce que leur naïveté leur fait mériter.
Mais qu’ils m’imposent, à moi et à tous les faibles de la société, de vivre cela, c’est hors de question.
Entre imposer aux faibles de se suicider et imposer à ceux qui attendent la mort de patienter encore un peu, il faut faire un choix.
Aussi difficile soit-il d’accepter d’obliger quelqu’un contre son gré (fut-ce à vivre)... sur ce point particulier, je ne peux que m’y résoudre
Vous avez dit : "Le plus gros débat la dedans reste la liberté de disposer de son propre corps. Elle était visiblement suffisamment lucide pour savoir ce qu’elle voulait."
Non, le plus gros débat n’est pas de savoir si les gens ont le droit de se suicider ou pas mais de savoir si la société doit cautionner leur suicide et l’exécuter.
"Or à partir du moment ou :
Elle a été clairement informée des traitements disponibles, de leurs résultats et de leurs effets secondaires."
Concernant Mme Sébire (et uniquement elle), j’émet des doutes là-dessus, car il me semble que si c’était réellement le cas, je pense qu’elle n’aurait pas forcément fait une fixette sur les calmants et qu’elle aurait pris des trucs un chouilla plus fort que du dafalgan.
Ceci dit, admettons que ce soit le cas pour d’autres cas de figure.
"’L’issue de sa maladie est fatale sans possibilité de rémission."
Il me semble que la vie est bel et bien une "maladie" dont l’issue est fatale et sans possibilité de rémission, n’est-il pas ?
"Elle souhaite personellement et libre de l’influence de tiers en finir."
Libre de l’influence de la société et du climat de culpabilisation des vieux ? Hum, admettons que ça puisse être le cas aujourd’hui, je doute que ça le reste dans 20 ans si on généralise l’euthanasie.
Silvain, vous dites : "la seule et véritable souffrance de Madame Sébile et qu’elle a toujours affirmée comme telle : la souffrance dite morale qui seule est en cause du point de vue de sa vision de la dignité humaine : elle ne voulait pas mourir en légume à la charge de ses proches dans la déchéance d’une image psychiquement dégradée d’elle-même"
J’en tire les conclusions suivantes sur votre point de vue :
- tout le chapitre émotionnel dont les médias nous ont abreuvés sur les douleurs de Mme Sébire était donc bidon ? (c’est ce que vous semblez dire)
- la soufrance morale serait donc un motif légitime d’euthanasie. Il serait donc légitime d’euthanasier les personnes qui souffrent moralement tels les dépressifs, ou autre, s’ils le demandent. A vous entendre, il serait même plus légitime de les tuer que de les aider et de les accompagner pour qu’ils comprennent qu’il est légitime que la société les prenne en charge.
- elle ne voulait pas mourir à la charge de ses proches : je vois dans ce refus de se sentir "à la charge de quelqu’un" l’idée réciproque qui est aussi que "ça fait chier de s’occuper de ses parents". N’est-ce pas un signe grave de l’individualisme rampant qui culpabilise ceux qui sont dépendant au point qu’ils se disent qu’il vaut mieux qu’ils se suicident, ça sera plus sympa pour leurs enfants qui de toute façon ne voulaient pas s’occuper d’eux. Personellement, je trouve qu’avec l’euthanasie, on continue la marche de notre société vers moins de solidarité, et nous allons peu à peu considérer comme "normal" que les vieux se suicident avant de devenir une charge pour nous. A titre personnel, j’ai vraiment peur d’avoir une pression normalisatrice de la société, dans 60 ans, qui me fasse sentir "quoi PP ? ! ? Mais tu t’es toujours pas suicidé ! ? Tu te rends compte que tu fais chier tes gosses espèce de gros salaud ! ?". Et puis quand le suicide des vieux sera devenu la norme, on passera à l’euthanasie des SDF ? "regardez le pauvre SDF déchu qui souffre moralement parce qu’il est un poids pour la société et qu’il empeste tout le monde... il demande à mourir pour qu’on le délivre de ses soufrances... il faut bien entendu lui accepter ce droit !"
Je comprends votre argument de "liberté humaine", mais dans le cas présent, il me semble à vous lire que la pression sociale qui veut que "les vieux ne servent à rien, ils sont juste une charge pour leurs enfants" reste un ressort principal de ce type de réaction
Qu’on donne une exception d’euthanasie dans les cas où pour éviter un acharnement thérapeutique on stope traitement mais que le "laisser mourrir" prévu par la loi léonetti (et accompagné des soins de confort adéquats) ne peut pas se faire dans des conditions satisfaisantes, évidement : ok.
Mais autoriser à tuer n’importe qui sous prétexte qu’il souffre moralement de se sentir un poids pour les autres, ou bien qu’il souffre physiquement parce que sa religion lui interdit de prendre des calmants plus forts que de la verveine, ou bien parce que son pote lui a dit que c’était bien plus fun de se suicider que de mourir naturellement... ça me parait la porte ouverte à une acceptation de dérives très graves.