Le point que vous soulignez ,"SES cent propositions", est inexact. Ces propositions étaient un patchwork largement issu du PS, elle s’en est d’ailleurs plainte et légèrement distancée sur deux points en juin, soulevant aussitôt un tollé, largement exploité par les médias à la solde de la droite. Ce patchwork est d’ailleurs à l’origine d’un manque de cohérence, de force de conviction. Inconvénients, que Sarkozy n’avait pas. Il pouvait choisir de mettre l’accent, là, oû il avait la plus grande force de conviction. Alors, l’ idée de choisir un candat(e) pour 2012 et lui refiler un corps étranger (programme présidentiel) qu’il(elle) soit censé(e) défendre avec ses tripes, me paraît irréaliste.
Votre deuxième idée me paraît la meilleure. Si vous voulez voir un jour la gauche au pouvoir, alors elle devra réunir une majorité très importante. Car nous vivons dans un contexte où les médias sont aux mains de personnes qui ont intérêt à un gouvernement ultralibéral. Tout candidat de gauche sera massivement agressé par les médias, exactement comme l’est Ségolène Royal. L’alliance de gauche classique PS +PC ne suffit plus. Le PC est devenu confidentiel. En outre l’extrême gauche est déjà dans une logique révolutionnaire et n’avait d’ailleurs guère recommandé de soutenir Ségolène Royal au 2e tour. Tous suffrages confondus, la gauche ne ferait guère que 35% du total des voix, à voir le décompte du premier tour de 2007. Autrement dit, il faut jeter des passerelles en direction de ceux qui votent au centre et à droite. Il est impossible de construire ça au dernier moment. C’est un travail de longue haleine. A ce point de vue ce qui s’est passé à Paris entre MODEM et PS, est déjà nuisible pour 2012.
Finalement, dans un contexte médiatique aux mains de la droite ultralibérale, un(e) candidat(e) très médiatique, doué d’ un charisme fort, sera incontournable. Sans cela, c’est l’échec assuré. Mais je suis absolument d’accord avec vous que cela ne doit occulter, ni le débat d’idées, ni la plate- forme collective sur la quelle la candidate pourra s’appuyer en 2012. Mais on ne peut pas lui refiler ça 3 mois avant. Il faut qu’elle l’ait élaboré avec plus vaste que son seul parti et qu’elle y adhère fondamentalement. Cela ne s’improvise pas. Cette plate-forme d’idées, ce programme, devra nettement dépasser l’horizon du seul PS. Sinon, ce ne sera pas mieux que Jospin en 2002. Malgré toute la sympathie que vous avez pour lui, une des principales raisons de son échec est précisément de n’avoir su élargir l’horizon électoral au-delà des limites étriquées de la gauche du PS. On peut agir avec un libéralisme ET une conscience universelle. Cela n’est aucunement incompatible avec les idéaux de solidarité et de justice sociale du PS. Ne pas le voir, est suicidaire pour 2012.