Le problème du 11 septembre est le problème de l’autorité, et le problème de l’état : il s’agit peut-être du dernier soubresaut pour nous faire croire, pour se persuader ou pour maintenir l’illusion, volontairement ou involontairement, que les états ont encore un pouvoir au sein de la mondialisation, et qu’ils constituent des entités indépendantes, autonomes et souveraines. Rien n’est moins vrai à l’heure actuelle car l’heure du pétrole touche aussi à sa fin, et l’on se rend compte que rien n’est acquis, qu’aucune puissance n’est intouchable, et que dans ce monde, tout est possible. Devant cet inconnu, toujours plus présent, les états dominants accentuent leurs politiques sécuritaires et de contrôle, se coalisent, se rassemblent, pour protéger leur fonctionnement, leurs avantages, leur mode de vie, quand bien même celui-ci est si criant d’injustice par rapport à d’autres populations vivant dans le dénuement ou l’extrême pauvreté. Le cloisonnement au sein des frontières rassurantes d’une nation est l’illusion tenace d’une obligation à perpétuer des schèmes de division, justifiant les différences de développement et la maintenance et la promotion d’un modèle de vie et de développement particulier uniformisateur, que l’on impose à l’extérieur pour se protéger soi-même : c’est ainsi que l’économie de marché mondiale s’est constituée, faisant du commerce le principal outil de communication entre peuples et nations, au-delà du langage et de la culture elle-même. Dans ce monde, la coopération n’est et ne peut être qu’« économique », résultat d’un échange, de bénéficiaires et de satisfactions communes entre puissances, ou alors, la coopération n’est pas et les rapports de force dominent, dans lesquels les plus puissants se servent, et les plus faibles triment. Le grand malheur actuel est que les nations dominantes entendent imposer la liberté, imposer la démocratie, et promouvoir leurs doctrines limitées et fragmentaires, par la force. Cette attitude est hautement contestable, mais combien s’en offusquent ?