Un texte du député Marc Le Fur :
Les langues régionales ne sont plus un sujet tabou au Parlement Le 7 mai prochain, l’Assemblée Nationale débattra en effet ouvertement de la place de nos langues régionales dans notre pays. Nous nous réjouissons que François Fillon respecte ainsi l’engagement qu’il avait pris. Finies les embuscades et les coups de main législatifs pour que ce sujet soit abordé pendant quelques petites minutes volées dans l’hémicycle. Fini le tabou. Pour la première fois, le 7 mai, la représentation nationale débattra en séance publique de la place des langues régionales dans notre pays. C’est une très grande satisfaction qui nécessite un grand coup de chapeau à tout ceux qui se mobilisent sur ce sujet. Ce débat dépasse souvent la situation des seuls locuteurs, il parle au cœur des Français.
Mais pour que ce débat passionnant ne soit pas l’occasion de tirades passionnelles dénonçant une prétendue atteinte à l’unité nationale, nous devons nous traiter en égaux et en finir avec l’ignorance des histoires locales, la suffisance d’un certain parisianisme, la condescendance, l’agressivité de ceux qui tolèrent un folklore, mais réprouvent l’expression d’une identité.
La France, défenseur des identités et cultures minoritaires ou menacées dans le monde, choisira-t-elle « l’année internationale des langues » pour faire enfin une place à ses langues régionales ?
Il est temps de sortir des clichés faciles et méprisants que certains répètent à l’envi dès que ceux qui sont attachés à leur identité culturelle s’expriment. Que l’on cesse à chaque fois que nous souhaitons faire reconnaître nos patrimoines linguistiques locaux de nous agiter le mistigri de la fin de l’unité française ! Aimer parler alsacien, basque, breton, flamand, gallo, occitan ou provençal et vouloir transmettre ces langues, ce n’est pas trahir la France mais c’est l’aimer et l’enrichir ! Non, les langues régionales n’ont rien à voir avec le patois, elles sont le fruit d’une histoire et d’une culture qui, souvent, fondent l’histoire de notre pays. Comment construire l’avenir de notre pays en reniant ses fondements ? L’unité n’est pas l’unicité. Connaissez-vous une famille dont les membres sont absolument identiques ? Et même si cette famille existait, trouveriez cela très sain ? Nous ne sommes pas des clones. L’égalité n’est pas l’uniformité, nous estimons au contraire que les différences contribuent à l’affirmation d’une richesse culturelle commune.
Il y a 40 ans, le Général de Gaulle n’avait-il pas déclaré lui-même à Lyon et à Quimper que la construction de l’unité française était achevée et qu’il convenait de laisser s’exprimer les énergies locales ?
Les derniers militants de l’ultra-jacobinisme se trompent d’ailleurs de combat. Cet ultra-jacobinisme va contre l’intérêt de la Nation. Il est responsable de la radicalisation de certains de nos compatriotes. L’extrémisme des uns appelle et provoque l’extrémisme des autres. L’agressivité des uns provoque le repli sur soi et la violence qui prospèrent sur le terreau des incompréhensions.
Pour nous, ce débat du 7 mai ne peut pas être une parenthèse. Il s’inscrit dans le cadre des propos de Président de la République au cours de la campagne des élections présidentielles qui proposait « de réfléchir ensemble aux propositions très concrètes que l’on pourrait retenir pour sécuriser une fois pour toute la situation des langues régionales de France. »
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