@ lobson
Une chose a été peu dite sur ce jugement . Lorsqu’on le lit avec attention , on s’aperçoit que figure la phrase suivante , " Il ( NB : l’époux ) indique ( ...) qu’il avait contracté mariage avec Y ... après que cette dernière lui a été présentée comme célibataire et chaste " . " LUI A ETE PRESENTEE " et non " s’est présentée " .
http://www.maitre-eolas.fr/tgi-lille-1er-avril-2008
Autrement dit , le mensonge , qui selon les sophismes de l’avocat du mari , est à l’origine de l’annulation , ne relève absolument pas de l’épouse , mais bien de sa famille .
Rien , d’aileurs , dans ce jugement , n’indique que la jeune fille était au courant du mensonge fait à son sujet par son entourage familial . Autrement dit , on impute l’annulation de son mariage à un mensonge dont elle n’était même pas l’auteur !!!
On peut supposer que les parents de cette jeune fille n’ont l’ont pas exhibée à Mr X en proclamant grossièrement , en sa présence , " tiens , je vous présente ma fille , à propos , elle est célibataire et chaste " , chose qu’elle se serait peut-être empressée de démentir .Plus vraisemblablement , cette " présentation de qualité essentielle " s’est faite derrière son dos .
Que peut-on tirer d’autre de cette phrase ? C’est que Mlle Y , étudiante , et donc majeure , était néanmoins traitée comme une mineure par ses parents . En effet , au lieu de la laisser se débrouiller comme une grande pour se trouver un mari ou un copain à sa convenance , chose qu’elle était parfaitement capable de faire comme n’importe quelle autre citoyenne de son âge , ses parents lui présentaient comme un mari acceptable un jeune homme manifestement peu recommandable , puisque sa principale préoccupation , en matière de qualité essentielle de sa future épouse était qu’elle fût vierge .
Il s’agissait donc selon toute apparence d’un " mariage arrangé " , dans lequel des parents , soucieux de " caser leur fille " ( de quel droit , alors qu’elle est majeure ? ) lui présentent un homme à leur convenance ( et non un homme qu’elle se serait librement choisie , ce qui est la moindre des choses en matière de mariage ).
Ainsi , le juge , en ne se posant pas la question fondamentale de savoir qui était l’auteur réel du mensonge , c’est a dire qui " avait présenté Mlle Y comme célibataire et chaste " , entérine la pratique de " mariages arrangés " par des parents , au détriment des intérêts manifestes de leur fille .
Comment , au XXIème siècle , un tribunal peut-il entériner , sans se poser de question , une pratique aussi profondément réactionnaire , ça laisse sans voix ...