Ayant eut la chance de faire connaissance à Paris avec un sénégalais qui se trouvait être chef de sa famille (au Sénégal), j’ai eut l’occasion de me rendre plusieurs fois (en vacance) dans son pays, mais pas du côté touristique, ni de celui des quartiers aisés de Dakar où fleurissent les villas, à côté de l’aeroport.
Moi et ma femme avons séjourné plusieurs fois dans la famille (Peulh) de mon ami, où le sol de la maison, de toutes les maisons de la rue, et de la rue elle meme est fait de sable. Le menu est presque toujours riz au poisson, avec quelques fruits. L’eau est coupée la majeure partie de la journée, obligeant les filles de la maison à se relayer la nuit pour remplir les quelques grands bidons que l’on vide en taches diverses pendant la journée. L’électricité est généralement disponible la nuit (et pas toujours coupée le jour), ce qui permet au grand frigo acheté il y a quelques annees par mon ami de produire de la glace que la famille vent sur les marchés. Somme toute, il règne une ambiance sympathique et très familliale où 25 à 35 personnes cohabitent selon les arrivées et les départs des parents, amis, parents d’ami et ami de parent transitant plus ou moins longuement entre Dakar et le reste du pays. La maison est bien organisée, les taches domestiques, non assistée par nos outils modernes tels que machine a laver, fer a repasser, cuisine amenagee, etc, y sont pénibles mais distribuées à tour de rôle — ce qui signifie en passant que plus il y a de parents à séjourné en longue durée, moins les tours tombent souvent —
Ce premier paragraphe ne me sert qu’à dresser un tableau pour exprimer les quelques points qui m’ont interpelés :
De mon point de vue d’ingénieur les chefs de familles (supposés exercer un contrôle absolu sur les finances familiale) à moins d’avoir effectivement un revenus régulier et conséquent, doivent éprouver des difficultés considérables à épargner la moindre somme, tant cette vie sociale les prend au porte-monnaie continuellement. D’autant plus qu’une famille aisée sera davantage sollicité par les amis et les parents, directement (en participant aux evenements) ou indirectement (en hebergeant les parents dans le besoin, les connaissances de passage, ou en soutenant tel ou telle marabout ou mosquée). La coutume appelle des dépenses aussi déraisonnables que quasiment incontournables, car ne pas participer aux evenement sociaux est très délicat : ternir l’image de marque sociale ou religieuse de la famille, ou tout bêtement "paraître pauvre", c’est un peu comme de décider soit-même de s’excommunier du temps de l’inquisition, c’est presque inimaginable, d’autant plus qu’un retour de manivelle est plus que probable pour la famille par la suite : dans sa relation dans la rue, à la mosquée, à l’école, sur les marchés. Mais en même temps il est manifeste que cette organisation sociale et ses coutumes entravent l’épargne de la "cellule" familliale (en Afrique, ce sont de grosses cellules ). Si on n’imagine que la totalité de la population du pays s’organise de la même manière, la conclusion saute aux yeux : à population égale, la capacité d’investissement d’un tel pays n’a que peu de chance de pouvoir rivaliser avec une société organisée à l’européenne ou à la chinoise. Et c’est exactement ce qu’on observe : le gros capital, au Sénégal comme dans beaucoup de pays d’Afrique "noire", quand il ne vient pas directement de l’étranger est possédé par les imigrés d’origine non-africaine — laissez moi omettre la jetset politico-industrielle afroafricaine pour le moment, car elle n’est pas vraiment representative —. L’état minimaliste des infrastructures, de l’électricité et de l’eau mais aussi du reseau routiers et des transports public (l’auteur doit être bien placé pour voir de quoi je parle) en est probablement une conséquence directe. J’ai eut l’occasion de partager ce point de vue avec un cousin de mon ami. Ce cousin est aujourd’hui chef d’equipe au sein d’une grande exploitation agricole 100% senegalaise. Dans le passé cet homme avait fait une depression nerveuse, et il m’a dit que c’etait parce que sa propre famille, a force de le solliciter l’avait placé en grande difficulté financiere. Il avait profiter de sa maladie pour couper les ponts et migré à St Louis avec sa femme leur fille. Ce n’est qu’un exemple, mais je le trouve illustratif car venant d’un sénégalais d’origine.
J’aurai tendance à reléguer la démographie galopante au rang de facette de la lourde coutume sociale, donc je n’appuie pas le controle des naissances comme solution car les naissances ne sont pas la cause première. Sincèrement je ne vois que deux moyens d’aider le Sénégal :
- Soit on apprend aux sénégalais à se détacher de leur coutume, avec toute la perte culturelle que cela représente à terme. La preuve que ca marche : les sénégalais des couches aisés sont le plus souvent ceux qui ont fait leurs etudes en Europe, ont rejetté les contraintes de la coutumes en adptant une organization sociale "à l’europeenne". Ce sont les chefs familiaux qu’il faudrait re-former à la gestion financière. A l’échelle d’un pays dont la population parle différents dialecte, et où beaucoup n’ont pas la télévision, c’est un travail long qui s’étalerait sur plusieurs générations.
- Ou bien alors on coupe les ponts : on cesse de les assister avec du capital étranger que leur système social actuel ne leur permet pas de rembourser, et dans le même temps on cesse de profiter de leur système social pour dépecer leur pays, ça veut dire aussi limiter les importations, ah mais alors au pied de la lettre il faudrait aussi cesser de leur fournir des medicaments, la transition passerait par une phase beaucoup plus désagréable humanitairement que ce qui se passe maintenant.
Il n’y pas de solution facile : préter de l’argent au Sénégal apauvri le pays, et ne pas lui prêter le rend plus vulnerables aux autres loups de la mondialisation. En tout état de cause, une bonne partie des états africains manquent de garde-fous economiques, et leur manque de financement rend leur administration trop facilement corruptibles. Dans le doute, j’avoue que les problemes de l’Europe m’inspirent davantage de solutions que ceux de l’Afrique, et je rejoins les autres commentaires : si vous vivez dans un endroit, vous êtes le mieux placé pour y faire les améliorations que vous trouvez nécessaires.
"Il faudrait..." je ne sais pas comment finir cette phrase intelligemment pour le Sénégal.
Comment la termineriez vous Sophie ?
30/06 11:21 - Bobby
Nb. Pour ce qui concerne votre dernière remarque, vous noterez que tant que l’homme se (...)
30/06 10:55 - Bobby
Bonjour, Très bon message, que cet article ! merci ! Dans notre société, dans nos pays (...)
27/06 21:54 - Sophie
Tout d’abord, merci beaucoup pour ce long témoignage... Je vivais, moi aussi, du côté de (...)
27/06 20:24 - Sophie
Merci pour ce commentaire explicite et sans jugement et bien fondé de surcroît... Oui, mais (...)
27/06 13:23 - Tristan Valmour
Bonsoir Sophie J’ai comme vous une grande expérience de l’Afrique. En partie du (...)
27/06 12:05 - Yann
Ah, j’ai oublié un point important : beaucoup de chefs d’entreprise au Sénégal (...)
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