Pour moi, le problème majeur ne se situe pas dans les détails de cette réforme, mais dans un principe essentiel qui a - encore ! - été à cette occasion violé : notre loi fondamentale ne doit pas être modifiée par ceux qui sont chargés de la faire respecter. Nos représentants n’ont pas reçu mandat pour cela. Toute réforme constitutionnelle devrait donc être soumise à référendum et les parlementaires, s’ils étaient de vrais démocrates, devraient refuser de voter en congrès. Au lieu de cela, avec l’exécutif, ils exploitent sans vergogne une faille, un défaut dans la constitution qui leur permet de réécrire ce texte à leur convenance.
Que se serait-il passé si la constitution irlandaise autorisait la voie parlementaire ? Nous n’aurions jamais su que les irlandais refusent le traité de Lisbonne et nous aurions assisté à l’autocongratulation obscène des eurocrates, alors que nous sommes maintenant certains qu’ils n’ont pas la légitimité populaire pour imposer ce texte.
Concernant l’encadrement des adhésions à l’Union européenne, la disposition n’est pas du tout nette. En effet, pourquoi laisser la possibilité - encore ! - d’un contournement du choix du peuple par la voie parlementaire, si ce n’est pour l’utiliser si nécessaire, justement pour l’adhésion de la Turquie ? Il me semble que la disposition antérieure imposait un référendum dans ce cas. Si je ne me trompe pas, il s’agirait donc, là aussi, d’un recul démocratique.