J’ai trouvé la tentative de Paul Villach intéressante non seulement pour l’exercice consistant à pointer la question de la responsabilité comme étant au coeur de tout ce qui peut aller de travers dans les affaires humaines mais aussi et surtout pour les réactions très révélatrices qui ont suivi.
Ce qui apparaît dans beaucoup de commentaires me semble-t-il c’est :
- l’incapacité à comprendre que la notion de responsabilité soit un invariant légitime des quatre exemples proposés
- la propension à toujours pointer le vilain assistanat et la tendance à fuir le fait que la perte du sens des responsabilités doit beaucoup à la consternante et grandissante irresponsabilité des politiques et de l’administration
Sur le premier point, n’en déplaise aux fâcheux qui ont cru voir une forme de confusion ou de "n’importe quoi" dans la juxtaposition de ces exemples, je rappelle que selon Hume, la notion de cause est le "ciment du monde", c’est-à-dire, qu’elle est tout simplement partout dans ce que nous tenons pour le réel. La responsabilité, c’est cette même notion de cause, mais quand l’agent est humain, mais elle a une double lecture qui vient du fait qu’on peut attendre de celui qui est cause de quelque dégât (responsable donc) qu’il assume son fait (qu’il puisse en "répondre" et soit donc responsable dans le deuxième sens).
La notion d’assistanat n’est pertinente que dans le premier exemple. Le fait qu’elle polarise l’attention me paraît traduire la difficulté que nous avons à aller à contre-courant (des médias et de nos besoins infantiles de vision d’une autorité responsable et donc sécurisante) pour penser le fait que nos dirigeants soient essentiellement des irresponsables grâce à l’organisation qui est faite des systèmes légaux et administratifs. Pensons ici simplement à l’affaire du sang contaminé où il s’est trouvé que les responsables étaient magiquement non coupables.
Cette tendance à ne pas voir la responsabilité des autorités est patente dans le traitement de l’affaire de Tarbes où c’est le soldat qui est incriminé. Je suis désolé, mais sans nier l’erreur grave qu’il a pu faire et dont il doit certainement s’accabler, ça n’est pas à lui d’en assumer la responsabilité tant qu’il n’est pas établi que son autorité de tutelle avait mis en place toutes les mesures nécessaires et suffisantes pour qu’une telle erreur humaine ne puisse être commise. Autrement dit, quand on joue avec des armes à feu, on fait en sorte que rien ne puisse être fait par erreur. Plus clairement, ce qui pourrait dégager la hiérarchie de toute responsabilité, c’est d’avoir une procédure telle que seule une volonté mal intentionnée puisse passer au travers. Je doute que ce soit le cas en la circonstance et donc, je ne doute pas que la hiérarchie puisse être mise en cause. D’ailleurs notre bon président ne s’y est pas trompé et a bien cherché les responsabilités de ce côté. La question, c’est quelles seront les conclusions ? J’ai peur que pour ménager les susceptibilités à peu de frais, on fasse encore dans la complaisance coupable, comme pour l’affaire d’Outreaux.