à Stephane Guezenec :
Bonjour. Merci pour votre réponse qui m’incite à clarifier deux ou trois choses.
Un mythe est une croyance collective, un récit, etc.. comme élément d’une mythologie. Il y a des mythologie dans les société dites autrefois "primitives" comme il y a des mythologies aussi chez nous, cf roland Barthes, "mythologies".
Quand je dis que la pluralité des cultures est un mythe, je ne veux pas dire par là qu’il n’existe absolument rien qui ressemble à ce qu’on appelle communément (ou plus sérieusement à ce que les sciences sociales et humaines appellent) culture. Par j’affirme que c’est un mythe parce que cette idée de "cultures" est en réalité un écran qui empêche de penser.
Le sens commun conçoit en effet une culture comme un tout cohérent et replié sur lui-même. Il y aurait ainsi la culture occidentale, arabo-musulmane, orientale, etc..
Mais précisément, quand se sert-on de cette catégorie ? Quand on veut justifier un point de vue ou une pratique. A chaque fois que quelqu’un utilise le mot "culture" (c’est ma culture, c’est leur culture), c’est pour présenter une sorte de fin de non-recevoir, un argument ultime et décisif qui clôt toute réflexion, toute problématique.
Outre que l’idée de culture sert d’écran pour ne pas examiner la réalité telle qu’elle est, l’idée commune de culture est donc in instrument pour justifier l’injustifiable, et pour refuser de poser la question de la vérité.
Aborde-t-on la question des femmes ? Forcément, à un moment où à un autre, les défenseurs, à court d’argument, quand ils ne sont pas assez primaires pour s’en tenir à l’injure (voir ici même...) ont finalement recours à cet argument ultime "mais c’est leur culture, on peut pas les comprendre, etc...". En réalité, une femme est une femme, un être humain capable de conscience, c’est-à-dire d’intentionalité (Sartre, Husserl) et donc capable, toujours, de se projeter dans l’avenir. Un être humain enfermé dans une culture et qui ne fait que la reproduire est comme un robot, une machine (comme les "borg" dans une série de sf).
Par conséquent, oui, il existe bien quelque chose comme des cultures en effet, des préférences, des habitudes collectives, des visions du monde. Mais le recours à la notion de culture est un mythe commode pour éviter la discussion.
Car le propre des "cultures" telles qu’elles existent bien en effet, est d’être de moins en moins isolées, de moins en moins fermées sur elles-mêmes (sauf peut-être en iran, mais plus pour longtemps). Autrement dit, les soi-disant "cultures" qui permettent de justifier tout et n’importe quoi sont un jour où l’autre obligées de se confronter au réel, c’est-à-dire à la question de la vérité et de l’universel.
Et ceci n’est pas nouveau comme l’atteste la circulation des idées dès la plus haute antiquité, et singulièrement au moyen-âge.