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Commentaire de Tibounet

sur La Russie ébranle l'Europe


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Tibounet 24 août 2008 00:23

Hou hou hou...

Devant un tel tissu d’inepties et de mensonges (Dieu me préserve d’écrire de telles "choses") je suis bien obligé de reprendre point par point toutes ces allégations et de les déomonter une par une pour celles qui ont une signification. Puissent mes observations, en tant que celles d’un russophone qui a pu, contrairement sans doute à vous, puiser dans des sources tant occidentales que russes, remettre dans le droit chemin les brebis égarées qui pourraient être tentées de suivre votre chemin tortueux qui ne mène nulle part (mis à part sous le bureau ovale comme l’a souligné Proudhon...).

[ Juridiquement l’Ossétie du Sud et l’Abhkazie sont des territoires géorgiens, contrairement à ce que veut nous faire l’ancien nervis du KGB qui est Poutine. L’erreur de Saakachvili est de n’avoir pas bien choisi le moment de l’intervention et d’être tombé dans le piège de Moscou qui a aussitôt réagi d’une manière disproportionnée et barbare envers Tbilissi. Cet acte sanglant des nostalgiques de l’ex -Urss dont Poutine en est l’instigateur est une pure agression. ]

C’est l’Union Soviétique qui en 1921-1922 a décidé de rattacher la république d’Abkhazie et la région autonome d’Ossétie du Sud à la 1ère république de Géorgie. Dire que l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie sont des territoires géorgiens, c’est faire fi de l’histoire de territoires et de peuples qui, même sous l’Union soviétique (années 1980) se sont soulevés pour demander leur indépendance vis-à-vis de la Géorgie et qui ont continué à le faire depuis. C’est oublier que ces peuples, après des centaines d’années de guerres et de ressentiment contre la Géorgie, ne seront jamais d’accord pour faire partie intégrante de ce pays qui n’a pas plus d’histoire que les leurs.

Quant à la manière disproportionnée, la risposte russe a fait bien moins de morts que les 1492 morts dénombrés et 2000 estimés dus à l’offensive géorgienne.

[ L’on pourrait ici dire que la réaction sanglante de Moscou est due à l’indépéndance concédée au Kosovo le 17 février 2008 à laquelle celle-ci s’était fermement opposée et aussi l’installation en Pologne du bouclier anti-missile américain. Même si les Occidentaux n’ont pas prêter l’oreille aux dires de Moscou, il est tout a fait injustifié de violer l’intégrité du territoire géorgien et d’aller semer la pagaille dans cette partie du Caucase. Pourquoi Moscou après le déclenchement des hostilités en Ossétie du Sud n’a pas privilégié de saisir les Nations-Unies ? Au contraire, Poutine, qui est "premier ministre", a dit haut et fort à Pékin que la Russie rispostera. Il s’est d’ailleurs empressé de revenir en Russie pour coordonner les opérations ne laissant aucune marge de manoeuvre au "président" qui ne joue en réalité que le rôle du colistier.]


Très drôle. La nuit même de l’offensive géorgienne (du 7 au 8 août), tout en préparant la riposte, l’ambassadeur de Russie auprès de l’ONU, Vitaliy Chourkin (prononcer Tchourkin), a fait circuler une résolution demandant l’arrêt immédiat de l’offensive géorgienne et le retour de l’armée géorgienne sur ses positions antérieures. Les Etats-Unis ont non seulement réfusé de signer cette résolution, mais aussi refusé d’en toute discussion pour établir une résolution faisant consensus. Le lendemain, nouvelle proposition de la Russie, superbement ignorée par les Etats-Unis. C’est seulement après ces deux tentatives que les chars russes ont commencé à pénétrer en Ossétie du Sud.
Les affirmations de l’auteur sont donc un tissu de mensonges. La Russie s’est heurtée à l’ONU au mur occidental et surtout nord-américain qui avait sans doute donné son soutien à la Géorgie préalablement à l’offensive sanglante menée par celle-ci.

[ Face à cette Russie "hors-la-loi" et de plus en plus agressive, force est de constater que l’Europe s’efface devant elle. Les réactions européennes n’ont pas été proportionnelles à la barbarie russe. On s’est rendu compte que les pays européens s’étaient divisés à condamner la Russie et à l’isoler. D’un côté l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et même la France ont decidé de surfer sur la légèreté. De l’autre côté et connaissant le cynisme et les intentions de M.Poutine, les pays baltes (Pologne, Lituanie...) ont vivement réagi à cette enième agression de la Russie.]


Sur l’agressivité, voir ma remarque plus haut. La Russie, bien l’en a pris, a simplement décidé d’anéantir la puissance militaire géorgienne approvisionnée par les pays de l’OTAN, au premier rang desquels les Etats-Unis et la France. Le budget annuel de l’armée géorgienne est passé de 43 millions de dollars US en 2004 à 800 millions de dollars US en 2008. Ses effectifs ont doublé sur la période (32000 hommes). Tbilissi a déclaré en juillet vouloir 5000 hommes de plus et 200 millions de dollars US de budget supplémentaire à court terme, réprésentant alors près d’un tiers (!) du PIB géorgien - pour information, le ratio français est légèrement supérieur à 2%. Ceci explique sans doute les coupes sombres en Géorgie dans le système de santé et autres services publics... et cela permet aussi de mieux comprendre l’attitude de la Russie vis-à-vis de la Géorgie et de son rattachement à l’OTAN. Quand aux pays d’Europe de l’Est, ils ont toujours (et sans doute encore pour un certain temps) un sentiment anti-russe exploité par les gouvernements populistes en place, en particulier s’agissant de la Pologne, qui montre toujours qu’elle se sent moins européenne qu’américaine.

[ Il va falloir après la tempête géorgienne revoir sérieusement la question des relations russo-européennes. L’Europe ne doit pas fléchir devant la Russie, il est aussi temps pour l’Europe d’aller à la quête d’autres débouchés quant à l’approvisionnement du pétrole et du gaz. Plus l’Europe sera dépendante du pétrole russe, plus la Russie la traîtera de vallet. ]

Il est surtout temps pour l’Europe de faire table rase, de passer outre le souvenir de la Guerre Froide, et d’avoir une politique pragmatique et objective au lieu de courir après les Etats-Unis (cf plus bas).

[ Les propos malencontreux et partisans de l’ancien chancelier allemand Gehrard Schröder, parus dans le magazine américain Times, ne tiennent pas la route. Quand on a dirigé un grand pays démocratique comme l’Allemagne, on doit avoir une lecture claire et impartiale des questions internationales. Schröder doit dire au Poutine de changer de comportement, l’Occident ne sera jamais à la solde d’un extrêmiste de l’ancien KGB. Poutine a commis bien des exactions, il a la main souillée de sang. Rien qu’à voir tout le mal qu’il a fait en Tchétchenie, l’on se dit que cet homme doit se trouver au tribunal international de la Haye. Schröder n’honore pas l’Allemagne, en accusant les Etats-Unis de provoquer les Russes ; il fait une mauvaise lecture de la situation en Géorgie. ]

De Schröder et de l’auteur de cette tribune, on ne se demande même plus qui sait lire... Schröder, lui, peut donner l’avis circonstancié de quelqu’un qui passe en permanence d’un côté à l’autre du "mur".

[ De quoi même accuse-t-on les Etats-Unis ?
C’est vrai que l’administration Bush a écorné l’image de ce grand pays, cependant accuser les Etats-Unis d’avoir provoqué cette guerre est faux. La Géorgie est un État indépendant et souverain, elle a le droit de se rapprocher de qui elle veut. Qu’on l’accuse d’être pro-occidentale ou je ne sais quoi, elle sait où sont ses intérêts et comment tisser ses relations. Sa souverainété lui confère ce droit indéniable de travailler ou d’adhérer à n’importe quelle organisation de ce monde si elle la juge nécéssaire. Je ne vois donc pas pourquoi ce pays souverain libre de ses choix doit être accusé de réjoindre l’OTAN ou de faire entraîner son armée par des instructeurs militaires américains ? Dites-moi où en est le problème ? La France, par le biais de ses relations avec d’autres pays, envoie ses instructeurs militaires former d’autres armées (dans des pays africains par exemple). ]


Qui a fourni la Géorgie en armes ? Qui a envoyé des instructeurs à titre gratuit pour entraîner l’armée géorgienne ? Qui a promis à Saakashvili de lui remplacer gracieusement tous les équipements militaires détruits par l’armée russe, ce qui devra passer par vote du congrès car dépassant 25 millions de dollars (oui, il y a un indice smiley ) ? Qui a passé cinq heures en tête-à-tête avec Saakashvili pour lui expliquer ce qu’il devait déclarer et faire maintenant, et mettre au point la nouvelle stratégie de soutien médiatique de la Géorgie dans le conflit ? Qui a refusé de montrer le contenu du premier colis "humanitaire" qu’il a fait parvenir à la Géorgie par transport militaire ? Qui a rapatrié le millier de soldats des troupes géorgiennes d’Irak avec un sens de l’organisation inouï (on pourrait même soupçonner que c’était préparé) dès le deuxième jour de l’offensive ? Où est le problème ? Si demain les Etats-Unis font volte-face, donnent à l’Iran l’arme nucléaire et les aident à la pointer vers l’Europe, il n’y aura sans doute pas non plus de problème, c’est bien cela ?

[ La Russie ne doit intimider personne. Ce pays, fort de ses armes nucléaires, veut intimider l’Occident. Entre le soutien apporté par la Russie à l’Iran dans sa quête de l’acquisition des armes nucléaires et le soutien de la Géorgie, lequel des deux est le plus dangereux ? La Russie de Poutine doit être combattue et surveillée, sinon le monde court encore des risques énormes de basculer une fois dans une guerre qui emportera l’humanité. ]

En armant la Géorgie et en installant des missiles en Pologne, on est légitimement en droit de se demander qui cherche à intimider qui. Quand à la Russie qui armerait l’Iran avec l’arme nucléaire, voici des sornettes. Les techniques employées par le nucléaire civil (si c’est bien de cela que parle l’auteur, car la Russie n’a jamais vendu d’arme nucléaire) ne sont pas celles du nucléaire militaire.

[ L’éventualité des frappes nucléaires sur la Pologne à laquelle la Russie fait allusion n’est qu’une intimidation, Poutine aura beau aboyer, si l’Occident reste uni, il passera. ]


Parce que les missiles américains en Pologne, ça, ce n’est pas une intimidation... C’est fait pour protéger l’Europe contre l’Iran, c’est bien cela ? Pourquoi ne pas les avoir mis en Bulgarie ou en Turquie ? Sans doute sont-ils en Pologne parce que l’Estonie, c’était trop gros...

[ Le mandat de Bush qui tire à sa fin est une bonne nouvelle pour ce pays qui a besoin d’un président courageux, consciencieux des défis mondiaux et qui sera apte à renforcer les liens transatlantiques. ]

Si je ne vois pas ce que vient faire un président "consciencieux des défis mondiaux" ici, je vois bien derrière le "transatlantiques" une incitation tout autant honteuse que guerrière pour l’Occident à s’armer contre les méchants de l’Est via le jouet préféré des Etats-Unis pour ce faire, l’OTAN.

[ Je vous invite à lire le récit de voyage en Géorgie (sur le monde.fr) de Bernard-Henri Levy). Sa réflexion est pertinente et soulève des questions auxquelles l’Europe doit trouver des réponses appropriées. Il y a fait aussi mention des propos d’un officier russe qui traduit la relation que la Russie de Poutine entretient avec le mouvement chite libanais Hezbollah. ]

L’auteur avait gardé la meilleure blague pour la fin !


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