La Russie ébranle l’Europe
En décidant de reconquérir l’Ossetie du Sud par la force, le président géorgien n’a guère commis une hérésie, contrairement à ce que l’on peut entendre sur les chaînes occidentales. L’Ossétie du Sud faisant partie intégrante de la Géorgie, il est tout à fait claire que lorsque l’on ait épuisé toutes les voies diplomatiques, l’on doit faire usage de la force pour aller récupérer une partie de ce territoire.
Juridiquement l’Ossétie du Sud et l’Abhkazie sont des territoires géorgiens, contrairement à ce que veut nous faire l’ancien nervis du KGB qui est Poutine. L’erreur de Saakachvili est de n’avoir pas bien choisi le moment de l’intervention et d’être tombé dans le piège de Moscou qui a aussitôt réagi d’une manière disproportionnée et barbare envers Tbilissi. Cet acte sanglant des nostalgiques de l’ex -Urss dont Poutine en est l’instigateur est une pure agression.
L’on pourrait ici dire que la réaction sanglante de Moscou est due à l’indépéndance concédée au Kosovo le 17 février 2008 à laquelle celle-ci s’était fermement opposée et aussi l’installation en Pologne du bouclier anti-missile américain. Même si les Occidentaux n’ont pas prêter l’oreille aux dires de Moscou, il est tout a fait injustifié de violer l’intégrité du territoire géorgien et d’aller semer la pagaille dans cette partie du Caucase. Pourquoi Moscou après le déclenchement des hostilités en Ossétie du Sud n’a pas privilégié de saisir les Nations-Unies ? Au contraire, Poutine, qui est "premier ministre", a dit haut et fort à Pékin que la Russie rispostera. Il s’est d’ailleurs empressé de revenir en Russie pour coordonner les opérations ne laissant aucune marge de manoeuvre au "président" qui ne joue en réalité que le rôle du colistier.
Face à cette Russie "hors-la-loi" et de plus en plus agressive, force est de constater que l’Europe s’efface devant elle. Les réactions européennes n’ont pas été proportionnelles à la barbarie russe. On s’est rendu compte que les pays européens s’étaient divisés à condamner la Russie et à l’isoler. D’un côté l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et même la France ont decidé de surfer sur la légèreté. De l’autre côté et connaissant le cynisme et les intentions de M.Poutine, les pays baltes (Pologne, Lituanie...) ont vivement réagi à cette enième agression de la Russie.
Face à cette dichotomie de l’Union européenne, la Russie est restée sourde à l’appel de l’Union européenne de quitter la Géorgie en dépit d’un accord à minima arraché par Sarkozy, auprès de Medvedev d’une manière humiliante. Cette crise géorgienne a révélé les contradictions et les divisions d’une Union européenne qui se veut forte et unie.
Il va falloir après la tempête géorgienne revoir sérieusement la question des relations russo-européennes. L’Europe ne doit pas fléchir devant la Russie, il est aussi temps pour l’Europe d’aller à la quête d’autres débouchés quant à l’approvisionnement du pétrole et du gaz. Plus l’Europe sera dépendante du pétrole russe, plus la Russie la traîtera de vallet.
Les propos malencontreux et partisans de l’ancien chancelier allemand Gehrard Schröder, parus dans le magazine américain Times, ne tiennent pas la route. Quand on a dirigé un grand pays démocratique comme l’Allemagne, on doit avoir une lecture claire et impartiale des questions internationales. Schröder doit dire au Poutine de changer de comportement, l’Occident ne sera jamais à la solde d’un extrêmiste de l’ancien KGB. Poutine a commis bien des exactions, il a la main souillée de sang. Rien qu’à voir tout le mal qu’il a fait en Tchétchenie, l’on se dit que cet homme doit se trouver au tribunal international de la Haye. Schröder n’honore pas l’Allemagne, en accusant les Etats-Unis de provoquer les Russes ; il fait une mauvaise lecture de la situation en Géorgie.
De quoi même accuse-t-on les Etats-Unis ?
C’est vrai que l’administration Bush a écorné l’image de ce grand pays, cependant accuser les Etats-Unis d’avoir provoqué cette guerre est faux. La Géorgie est un État indépendant et souverain, elle a le droit de se rapprocher de qui elle veut. Qu’on l’accuse d’être pro-occidentale ou je ne sais quoi, elle sait où sont ses intérêts et comment tisser ses relations. Sa souverainété lui confère ce droit indéniable de travailler ou d’adhérer à n’importe quelle organisation de ce monde si elle la juge nécéssaire. Je ne vois donc pas pourquoi ce pays souverain libre de ses choix doit être accusé de réjoindre l’OTAN ou de faire entraîner son armée par des instructeurs militaires américains ? Dites-moi où en est le problème ? La France, par le biais de ses relations avec d’autres pays, envoie ses instructeurs militaires former d’autres armées (dans des pays africains par exemple).
La Russie ne doit intimider personne. Ce pays, fort de ses armes nucléaires, veut intimider l’Occident. Entre le soutien apporté par la Russie à l’Iran dans sa quête de l’acquisition des armes nucléaires et le soutien de la Géorgie, lequel des deux est le plus dangereux ? La Russie de Poutine doit être combattue et surveillée, sinon le monde court encore des risques énormes de basculer une fois dans une guerre qui emportera l’humanité.
L’éventualité des frappes nucléaires sur la Pologne à laquelle la Russie fait allusion n’est qu’une intimidation, Poutine aura beau aboyer, si l’Occident reste uni, il passera.
Le mandat de Bush qui tire à sa fin est une bonne nouvelle pour ce pays qui a besoin d’un président courageux, consciencieux des défis mondiaux et qui sera apte à renforcer les liens transatlantiques.
Je vous invite à lire le récit de voyage en Géorgie (sur le monde.fr) de Bernard-Henri Levy). Sa réflexion est pertinente et soulève des questions auxquelles l’Europe doit trouver des réponses appropriées. Il y a fait aussi mention des propos d’un officier russe qui traduit la relation que la Russie de Poutine entretient avec le mouvement chite libanais Hezbollah.
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