@ Paul Villach,
J’ose espérer que vous ne me comptez pas au nombre des partisans de cette "opacité tyrannique" qui, en d’autres circonstances, mérite réellement d’être décriée.
Mais reprenons plutôt vos derniers arguments :
1/ Si la fonction ministérielle n’a rien à en souffrir, pourquoi tant de mystère ?
Vous est-il réellement impossible de concevoir que Mme Dati ainsi que le père de l’enfant puissent avoir le souci de préserver leur union d’une exposition médiatique démesurée ?
Ensuite, entendons nous bien, rien ne vous empêche de mener vos propres investigations afin de vérifier que la fonction ministérielle ne serait pas gravement outragée du seul fait de l’identité du père. Mais dans l’absolu, rien ne fait obligation à Mme Dati, pas plus au regard du droit que d’un point de vue éthique, de révéler d’elle-même l’identité du père, à plus forte raison "si la fonction ministérielle n’a rien à en souffrir".
Imaginez un peu la transpostion de votre raisonnement au sein de l’éducation nationale, où une assemblée de parents d’élèves exigerait à chaque rentrée que tous les enseignants révèlent le non de leur conjoint ou de leur concubin, au motif qu’il est légitime que tout parent puisse s’assurer qu’aucun enseignant s’entretient une relation avec un pédophile notoire ou présumé... et que tout enseignant ne se pliant pas à cette injonction entretient nécessairement une relation qui est incompatible avec l’exercice de sa fonction...
2/ Dussé-je vous décevoir, ce n’est que l’exercice de la fonction ministérielle qui m’intéresse ici. Mais peut-être est-ce indécent à vos yeux de s’inquiéter des conditions d’exercice de la fonction, comme si on était en démocratie. Justement, je croyais pourtant que "la femme de César ne (devait) même pas être soupçonnée".
En l’occurrence, il ne s’agit pas tant de relever l’indécence de votre article que sa maladresse, en ce qu’il peine à véritablement démontrer une constante dans l’incidence entre les conditions d’exercice de la fonction ministérielle de Garde des Sceaux et l’identité de celui ou celle qui partage la vie privée de la personne exerçant cette fonction.
Certes, je vous accorde bien volontiers que certaines "configurations" conjugales seraient incompatibles avec l’exercice de la fonction. Mais, à mon sens, exiger de chaque ministre qu’il fasse état des moindres faits et gestes de sa vie privée, cela relève moins de la consolidation de la démocratie que d’un retour vers la farce monarchique où le lever et le coucher du Roi devenait un fait public. Le relent de monarchie est sous l’actuelle présidence suffisament présent pour que l’on puisse se garder de consacrer son retour par une exigence de transparence telle que vous l’exposez.