@ Paul Villach
1/ Ne vous inquiétez pas outre mesure pour mes facultés de discernement... Ma comparaison ne vise nullement à placer la fonction de professeur au même niveau hiérarchique que celle de ministre.Si tel était le cas, la maladresse serait effectivement le moindre des griefs qui pourrait lui être adressée.
A travers cette comparaison, il ne s’agit que de vous faire apparaïtre que rien ne s’oppose à ce que les raisons que vous invoquez pour légitimer l’obligation faite à un ministre de divulguer sa vie privée soient par suite transposées au reste de la fonction publique.
Car si c’est bien la dignité de la fonction qui est le centre de votre propos, si vous entendez cette dernière de détournements à des fins incompatibles avec sa justification première, pourquoi limiter ce principe de précaution à la seule fonction ministérielle ? Est-ce à dire que les autres postes de la fonction publique, en raison de leur classement inférieur dans l’ordre hiérarchique, exigeraient une moindre dignité, qu’elles ne seraient pas susceptibles d’un détournement qui irait à l’encontre même de ce pour quoi elle a été instituée ?
Ce qui fonde le principe de "dignité de la fonction", indépendamment de la question hiérarchique (l’on ne parle pas ici de l’obligation de neutralité), c’est la destination même de cette fonction. Or, pour cette raison, une fois consacré le principe d’une obligation de publicité de la vie privée des ministres, une fois la "sommité" hiérarchique s’étant inclinée devant les exigences de l’opinion publique, rien ne s’opposerait plus à ce que tout citoyen se sente en droit d’exiger que tout fonctionnaire ( lequel s’il n’est pas un "rempart de la paix civile", est néanmoins le dispensateur, l’agent d’un service rendu au public) lui livre son intimité afin de prouver qu’il n’entretient pas des relations "incompatibles avec l’exercice de sa fonction".
Sans trop m’avancer, je peux prédire qu’une telle conception de la démocratie directe mènerait irrédiablement à la mort du service public, faute de volontaires pour se plier à de si terribles exigences de transparence.
2-Je vous cite : Je vois qu’après bien des circonlocutions et quelques écrans de fumée, vous en venez à admettre ce qui fait seulement l’objet de mon article. Je vous remercie d’avoir fini par reconnaître le bien-fondé de mon point de vue. Oui, comme vous dites, « certaines "configurations" conjugales seraient incompatibles avec l’exercice de la fonction. »
Je n’en dis pas davantage. C’est pourquoi, le mystère ici entretenu n’est pas souhaitable
Mr Villach, je vous saurais gré de ne pas déformer mes propos.
Le fait que je convienne, avec vous, d’un point particulier __en l’occcurrence, la possibilité que la poursuite de certaines relations puisse s’avérer incompatible avec l’exercice d’une fonction publique__ ne signifie nullement que j’adhère au principe général que vous en tirez, qui à mes yeux consiste à faire primer la dignité de la fonction sur celle de l’individu qui l’exerce. La nuance entre nos deux points de vue, ne vous en déplaise, repose sur des bases autrement plus tenaces qu’un "écran de fumée".