Le mur
Tiens donc ! La crise financière est arrivée ? On croyait se refaire une virginité dans la jungle des hommes, des dictatures, des luttes fratricides, en spéculant anonymement sur le labeur des autres. Et l’on commence à prendre conscience que c’est là une forme de guerre plus sournoise, un crime contre l’humanité qui vient d’être débusqué. Le nerf de la guerre a de ces astuces pour masquer ses effets dévastateurs, proposer une nouvelle sorte de cassure entre les gens, à commencer par l’inconscience et le non-partage. L’intelligence de l’homme se mobilise plus volontiers pour les guerres que pour la paix et l’entente entre tous. La nouvelle forme de violence est strictement économique et ses victimes sont ceux des pays pauvres, morts de faim par la faute de ces spéculateurs inconscients qui ont accumulé le fruit du travail des hommes bien évidemment, sans le partager. Les victimes de ce manque de « régulation » sont aussi des consommateurs corvéables et malléables à merci. En effet, ces derniers se sont livrés pieds et poings liés à la grosse finance, aux grandes surfaces, à la publicité infantilisante et assommante. Le vol du salaire des uns par les autres est institutionnalisé. Vous pouvez jouer à la bourse et faire fortune impunément en privant une grande partie de l’humanité de ses ressources vitales. Les syndicats en sont restés à une revendication primaire de salaire, n’ayant jamais voulu, en notre pays, utiliser cette nouvelle arme absolue : l’argent. Ils n’ont du coup, aucun contrôle de leur outil de travail et il ne leur reste qu’à manifester dans les rues. Le « chacun pour soi, Dieu pour tous » est à tous les niveaux. On n’a jamais mobilisé tout le pays à la rue pour faire cesser la pauvreté, par exemple. Les corporatismes sont des égoïsmes collectifs qui vont aussi dans le mauvais sens. Les ressources publiques de base comme l’eau ont déjà suscité la convoitise chez des personnages sans scrupules et des affaires scandaleuses en ont résulté. Cette fois, ce sont les aliments de première nécessité qui sont visés et ce scandale est suivi de morts de milliers d’hommes de par le monde. La « régulation » est un joli mot qui n’empêchera pas ceux que l’on dit « malins » de vouloir s’enrichir en se mettant aux commandes des produits vitaux. Que tous les pays interdisent la spéculation sur l’eau, le blé, le riz, la communication, alors, seulement, on aura le sentiment que l’avenir puisse être plus heureux. On attend de bonnes décisions sur un plan planétaire ou on s’écrase contre le mur ? A chacun a sa responsabilité et à chacun d’en subir les conséquences. Quant-à ceux qui se croient vierges, réfléchissez, car avant de répondre, il y a de bonnes résolutions à prendre. Ceux qui prétendent que cette crise ne ressemble pas à celle de 29 sont obnubilés par des détails. L’histoire se répète, elle a juste changé de tenue. Le « nerf de la guerre » est encore une fois très tendu, on joue avec lui quand c’est lui qui se joue de nous. Ah ! Malraux ! Pas très spirituel ton vingt et unième siècle !
A.C