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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Education nationale : témoignage sur un désastre


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 22 octobre 2008 23:09

@ l’auteur

Comme toujours, le problème numéro un de l’humain, c’est sa propension à passer du phénomène (que vous décrivez bien, en particulier dans le ressenti) à l’explication du phénomène sans voir l’arbitraire des attributions causales (attributions de patates chaudes si vous préférez) qu’il effectue.

En clair, vous voyez bien, vous expliquez mal. Vous mettez les profs en cause, quand ils ne sont que l’"effet" de politiques publiques centenaires qui nous veulent veules, obéissants, soucieux de donner satisfaction aux supérieurs, soucieux de notre sécurité plutot que du bien-être de ceux à l’égard desquels nous exerçons nos missions, quelles qu’elles soient (santé, éducation, social, police, mais aussi tout le secteur privé, et bien sûr, le monde des médias)

Je viens d’aborder déjà ce thème dans l’article sur les caméras infiltrées dans les maisons de retraites : vous ne pouvez accuser les acteurs des violences institutionnelles, car c’est l’institution et au-delà, la nation qui est en cause.

Ne voyez-vous pas que c’est la soumission à l’autorité qui nous vaut ce souci du programme à tout prix ? L’école, comme l’économie, n’est pas évaluée sur la base du Bonheur intérieur Brut. La passion des élèves et le bonheur du citoyen n’est pas le souci du pouvoir.

Qui est responsable ? Le citoyen bien sûr. Qui a consenti, qui a abdiqué ses pouvoirs, qui laisse ses représentants se placer aux ordres de ce qui ne devrait être que l’exécutif (qui veille à l’exécution de lois conçues par les représentants du peuple)

En tant que journaliste, vous êtes très mal placé pour venir donner des leçons aux enseignants.
Ils ont toujours raison dites-vous ?
Et le pouvoir n’a-t-il pas toujours raison ?
Si c’est le cas, n’est-ce pas grâce aux journalistes et aux médias à sa botte ?
Quand a-t-on vu des journalistes se battre la coulpe et reconnaître qu’ils ont eu tort ?
Les journalistes se taisent monsieur, et les seuls qui l’ouvrent se font virer.

Ne voyez-vous pas ce déficit de démocratie induit par les puissances économiques qui nous font aller vers une société de la compétition, du seul contre tous ?

Quand le processus sera abouti, que l’école publique aura disparu, nos enfants stresseront pour essayer d’aller dans des écoles d’élites.
Ils n’auront pas le temps de s’ennuyer.
Mais comme au Japon, s’ils échouent, la tentation du suicide sera encore plus grande.

Vous dressez un tableau pertinent, mais vous vous trompez d’ennemi.
Le principal responsable de ce qui arrive à votre fille, c’est chacun de nous, donc c’est vous aussi.
Nous avons été des citoyens irresponsables.
Nous avons laissé un système dériver vers le népotisme.
La démocratie est dévoyée, étonnez-vous que l’éducation parte à la dérive.

Les enseignants ne manquent pas que de moyens ou de formation psychologique, ils manquent aussi d’élèves. Ils n’ont souvent que des enfants immatures dans leurs classes.
C’est toute la société qui dérive mon cher monsieur.

Donc, s’il vous plaît, remisez vos indignations et accusations fallacieuses. Prenez conscience de votre responsabilité.

Moi si j’avais une fille dans votre situation, ça ferait longtemps que, comme le suggère CAnaan, je lui aurais donné les moyens d’être autodidacte.
Mais je n’ai pas de fille, alors peut-être que c’est facile à dire...

Voilà ce que je crois.
A la louche smiley

Bien cordialement,






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