En finir avec quoi ?

Mais bien sûr qu’il faut en finir avec Dieu ! Ah braves gens, tremblez dans les chaumières, je fustige ce qui vous semble être le plus mystérieux ; c’est fou comme on peut avoir peur de ce que l’on ne connaît pas, du virtuel et de tous les fantasmes y afférent car l’imagination : la « folle du logis », vous invente n’importe quoi pour faire peur ou pour rassurer. A qui ou à quelle doctrine remettre son angoisse métaphysique ? C’est tellement rassurant d’avoir l’âme tatouée par une croyance religieuse ; ça vous donne le sentiment d’une identité particulière, ça vous rassure dans un groupe ; c’est l’instinct grégaire. L’évolution donne une place primordiale à l’instinct, tous nos actes sont régis par l’instinct de conservation, le grégaire à sa suite et l’instinct sexuel. L’instinct, c’est très rationnel ; c’est l’intelligence de la nature, son harmonie pour la conservation et l’équilibre des espèces. Nous sommes programmés comme ça, comme tous les autres animaux. La différence d’avec les autres animaux, c’est que nous voulons tout savoir, alors, scientifiques et religieux avancent leurs pions. La vraie question est : sommes-nous dans l’esprit d’une évolution harmonieuse de l’humanité ? Voulons-nous contribuer positivement à cette évolution, c’est-à-dire en oubliant un peu notre ego toujours enclin à se distendre. A chacun son Dieu mais croire en un Dieu particulier, c’est se distinguer des autres et ne pas les respecter. L’idée de Dieu fait la différence et confine à l’affrontement, ce qui est quand même un peu fort de café : trois religions monothéistes méditerranéennes ne sont pas capables de s’entendre, toutes ayant la conviction d’avoir proposé le seul Dieu universel plausible. Si la conviction d’un Dieu universel ne suffit pas à rapprocher deux religions, c’est que ce « Dieu » ne représente pas l’essentiel de leur culture mais que l’esprit religieux tribal y est primordial. On en revient à l’identité religieuse et culturelle créée de toutes pièces à partir d’une légende fondatrice. L’homme n’est jamais libéré du mimétisme culturel du pays où il est né et une conscience universelle dégagée de ces particularismes n’est pas pour demain. Nous sommes à l’âge de pierre de la conscience universelle et loin d’une empathie avec une évolution positive de l’humanité. La foi dans la vie demande une certaine confiance dans l’intelligence de l’homme mais aussi dans cette conscience universelle qui fait appel à une inclination noble que René Macaire appelle la « passion de l’homme » dans : « Pour une politique de l’avenir humain ». Dieu serait bon ou grand, selon certaines religions mais c’est que l’homme n’est pas à cette image là. Nous sommes condamnés à une saine évolution pour survivre et c’est devenu urgent, nous avons pris du retard. La création est un tout et nous n’en sommes que des particules comme des globules dans le sang même si notre organisme est plus complexe. Alors Dieu dans tout ça ? C’est peut-être le silence, c’est peut-être le néant d’où surgit toute création primaire car comme chacun sait, l’homme n’a qu’un pouvoir de création secondaire, il cherche, il théorise, il invente et il reste seul sur son île déserte. Que l’esprit de la création soit avec vous et en vous mais ne l’appelez pas : « Dieu », nom de Zeus ! Ce mot n’a jamais exprimé rien de précis, sauf chez les Grecs anciens où il avait forme humaine. Le fantasme de Dieu est la recherche d’un nid pour les candides ou d’un allié de guerre pour les ambitieux. Et toute certitude est l’arrêt de l’intelligence et aussi de la foi ; il nous faut avancer.
A.C