Bien sur que ce n’est pas un problème de choc des civilisations ; c’est un problème de destruction d’un modèle. Le modèle d’état nation républicain, totalement laic, centralise et jacobin. Jusque la, seuls deux pays pratiquaient ce modèle : la France et la Turquie. Depuis que la France est entré dans l’UE, cette dernière tente de lui faire abandonner ce modèle (notamment en voulant la reconnaissance des minorités, du rôle des régions, etc.)
La France resiste un peu, parce qu’elle a connu un siècle durant lequel ce modèle a été intégeré.
Pour la Turquie, ce n’est que 50 ans ; une fois dans l’UE, cette dernière pourrait sans problème faire disparaitre le modèle républicain turc, pour se diriger vers un modèle communautaire à l’anglaise.
En fait, seul l’autoritarisme permet à la Turquie d’imposer ce modèle (comme sous la troisième république français) ; si l’UE force la Turquie à abandonner cet autoritarisme, c’est la fin de ce modèle qui s’annonce, ou son ratage. C’est la disparition de l’héritage de Kémal, dont le rève etait la volonté de creer un état nation fort, souverrain et laïc, qui viendra.
Personnellement ce n’est pas en tant qu’anti turc (à la de villiers) que je suis contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, mais bien en tant qu’amoureux de ce pays et de son modèle républicain ; d’ailleurs, beaucoup de souverrainistes et de républicains turcs sont contre cette entrée. Et il suffit de voir à quel point les français se mordent les doigts -eux qui étaient originellement si attirés par l’UE- pour comprendre que bien des turcs risquent la même desillusion.