Bonjour Olivier,
vous allez dire que je me répète mais, là encore, relisons "la Stratégie du Choc" de Naomi Klein qui nous prouve que ce genre d’action est bel et bien voulue et fait partie d’une méthode détaillée, définie et enseignée : ce n’est pas une dérive, le choc traumatique est une manière utilisée et très efficace pour soumettre les gens et les former à la servilité.
Il y a encore deux ans, aucun cas de ce genre n’était mentionné en France : c’est nouveau chez nous, mais celà existe depuis longtemps aux Etats-Unis, où les services policiers ont parfois des manières beaucoup plus brutales qu’ici : il serait intéressant de chercher si les gendarmes dont vous parlez n’auraient pas suivi de stage ou de formation dans ce sens, et si ces formations ne seraient pas peu à peu généralisées dans notre pays.
Le fait que, dans le cas que vous nous rapportez, l’équipe entière des gendarmes se soit comporté ainsi, de manière cohérente, le laisse penser...
C’est bien sûr à rapprocher du cas récent de l’arrestation de Vittorio de Philippis : lié au journal "Libération", le sujet semble avoir été choisi précisément pour son potentiel médiatique, de manière à faire savoir à tout le monde quelles seront dorénavant les nouvelles méthodes policières systématiquement appliquées.
Sachez-le : dorénavant, si vous n’adoptez pas dans vos rapports avec tout représentant des forces de l’ordre, et bientôt peut-être, tout représentant de l’Etat, l’attitude la plus soumise et la plus visiblement servile, si vous vous refusez à "collaborer", cad, par exemple, à dénoncer votre prochain, et si, par un dernier reste de dignité humaine, vous n’approuvez pas sans réserve toutes les stratégies et décisions d’Etat, si vous n’applaudissez pas immédiatement, vous vous retrouverez "opposant", cad instantanément "adversaire", et donc "délinquant !
"Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous" : c’est inhumain, mais glacialement logique... Et c’est une signature qui révèle bien l’origine des influences qui habitent ce gouvernement.
Quand à mesurer l’efficacité de la chose, eh bien ! Nous verrons ce qui aura le plus tendance à se développer dans ce pays : le courage de s’opposer, ou la "collaboration" la plus lâche. Mais je suis pessimiste...
Il est à craindre d’ailleurs que ce type d’évolution ne se limite pas à notre pays, et qu’il devienne petit à petit partout répandu : plus les ressources deviendront rares, plus la survie sera difficile et serrée pour chaque pays, et plus les lois martiales deviendrons "nécessaires" pour écraser toute critique et recherche d’alternatives dans une société de crises et de guerres perpétuelles.
Lisez, lisez Naomi Klein : si un coup d’arrêt n’est pas mis à cette évolution, je ne serais pas étonné que, dans deux ou trois ans, on commence peu à peu à parler, dans ce pays aussi, de cas de tortures infligés systématiquement par des services officiels disciplinaires...
Thierry