C’est bien de voir des articles sur ce sujet, dommage qu’il soit si mal noté.
Je suis globalement d’accord avec vous. La démarche la plus sensée serait de maintenir une présence humaine a minima sur l’ISS, de se concentrer sur la recherche d’un moyen sûr et peu onéreux d’accéder à l’orbite basse, (par exemple la technologie du "statoréacteur à éjecteur" qui permettrait de faire voler de véritables avions spatiaux), et de laisser du champ aux initiatives privées.
Mais il me semble que vous omettez un facteur essentiel dans la politique spatiale actuelle des Etats-Unis, qui risque pas vraiment de disparaître : la puissance du complexe militaro-industriel.
Le problème tient à l’histoire et aux origines de la Nasa : ce mastodonte, né en plein coeur des Trente Glorieuses, dont le but était de réaliser l’impossible - parvenir, en moins d’une décennie, à expédier un Américain sur la Lune et le ramener vivant. Un objectif brillamment rempli, au prix d’une mobilisation de ressources colossales. Mais voilà, avec la crise la Nasa s’est vu confier des missions bien plus modestes ; la gigantesque administration, et l’énorme complexe militaro-industriel qui lui est associé, se sont alors mis à craindre la cure d’amaigrissement. Voilà pourquoi ils ont systématiquement privilégié des solutions complexes et coûteuses, avec à la clé retards, dépassements budgétaires, et finalement des programmes annulés. Le fameux "X-33", que vous citez, en est la parfaite illustration. La Nasa n’était plus un moteur, mais un boulet pour la conquête de l’espace.
La meilleure solution pour briser ce cercle vicieux aurait été de démanteler la Nasa, mais il aurait alors fallu affronter le puissant lobby militaro-industriel - particulièrement inimaginable pour Bush, car ses amis et soutiens en font partie.
La seule possibilité qui restait à l’administration Bush était de rendre à la Nasa sa "raison d’être", en lui confiant un objectif ambitieux (la Lune) sans augmenter fortement son budget. Voilà pourquoi la Nasa s’est mise à procéder "à l’économie" et à faire du neuf avec du vieux. Reste à savoir si davantage de résultats en sortiront...
Personnellement, je ne crois pas qu’Obama va renoncer à la Lune. D’abord parce que pour lui, l’heure n’est pas aux économies, mais à la dépense : les sommes en jeu sont après tout modestes comparées à celles engagées dans les différents plans de relance, y compris en France, et les dépenses spatiales génèrent elles aussi de l’activité économique.
Et ensuite parce que si jamais il suivait votre conseil et déclarait : "No, we can’t ", alors Chinois, Russes et Indiens s’empresseraient de lui répondre : "You can’t... but we can !"