Les chances de Bayrou d’être au second tour de la présidentielle sont
et ont toujours été très minces. Même en supposant qu’il fasse un sans
faute, pour ça il faudrait aussi que le bilan de Sarkozy soit vraiment
calamiteux et que la déliquescence du PS s’accentue encore...
Mais vous avez raison, tirer des leçons définitives d’un scrutin comme
celui-ci est une mauvaise idée. D’autant plus qu’on a déjà vu un
homme isolé, usé, discrédité, réussir à être élu président : il
s’appelait Jacques Chirac. Tout est une question de contexte politique.
Cela dit, même si les européennes n’ont pas compromis les chances de
Bayrou, elles ont à mon avis mis en lumière une faiblesse considérable
: c’est qu’il est peu, et mal, entouré.
Je pense notamment à Jean-François Kahn, ce personnage bouillant et
excessif qui est en quelque sorte devenu le « maître à penser » de Bayrou
depuis qu’il a adhéré au Modem. La violence du propos dans le livre
« Abus de pouvoir », les attaques répétées conte les médias et les
sondages : tout cela porte sa marque. (Le voilà maintenant qui feint
de s’émouvoir de l’échange avec DCB, lui qui s’était pourtant abaissé
au niveau d’un Frédéric Lefebvre en mettant en doute la santé mentale
de Sarkozy)
Dans le contexte d’une campagne courte et peu médiatisée, ces propos
ont complètement occulté le programme européen du Modem (intéressant
bien que manquant peut-être d’ambition) et sans doute convaincu
beaucoup de sympathisants de rester chez eux...
Si Bayrou veut encore un avenir, il devra plus et mieux écouter tous ceux qui le soutiennent.
Le Modem a été enterré après les législatives de 2007, de nouveau après
les municipales de 2008, et il l’est encore une fois aujourd’hui. Mais
il continuera à ressortir de la tombe... Car, malgré les
cafouillages multiples et quasi-permanents depuis sa naissance en 2007,
il existe un espace politique que le Modem est le seul à pouvoir
occuper : celui d’un électorat soucieux de liberté et de démocratie,
méfiant envers les idéologies, qui ne se reconnaît pas dans le projet
élitiste et sécuritaire de l’UMP, ni dans les rhétoriques datées et
hypocrites du PS (sans parler de ses querelles internes).
Certes,
Europe Ecologie a su s’approprier cet espace lors des européennes, mais
la politique nationale est une autre histoire. Les Verts français
restent un parti ancré à gauche qui n’acceptera pas facilement de se
dissoudre dans un mouvement « centriste », et les altermondialistes de
José Bové encore moins. Le potentiel du Modem reste donc intact, à
contition qu’il traverse les turbulences actuelles sans trop de casse,
et que le parti puisse être moins identifié à son leader, qui constitue
une cible trop facile pour ses adversaires. Et aussi d’arrêter la
victimisation : si le biais médiatique est bien réel, le dénoncer comme
le fait Bayrou ne sert à rien, à part à monter encore plus les
journalistes contre lui, et à s’attirer des soutiens « embarrassants »
(comme celui de Marine le Pen sur le plateau de Chabot).
Bref, ceux qui annoncent la mort du Modem vont sans doute un peu vite.
Le fait que les propos de Le Pen soient ou non "négationnistes" au regard de la loi est une question d’interprétation des textes, qu’il vaut mieux laisser aux juristes... Mais sur le fond, vu qu’un crime contre l’humanité est par définition tout sauf un "détail", on peut difficilement ne pas parler de négationnisme.
Certes, les combats et les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont causé bien plus de morts. Mais les victimes des chambres à gaz ne peuvent en aucun cas être comptabilisées comme des victimes de la guerre ! L’extermination des Juifs, tziganes et autres minorités n’avait aucun lien avec le conflit. Le fait que ce gigantesque meurtre collectif se soit produit pendant une guerre elle-même meurtière ne permet absolument pas d’en minimiser l’ampleur !
Désespérant.
Je viens de revoir la saison 4 de "The Wire", et même si c’est une série américaine ça décrit aussi bien ce qui se passe en France, à quelques détails près : la pression des politiques sur la police, qui du coup multiplie les arrestations bidon pour "faire du chiffre", tandis que les grands criminels prospèrent. Les mauvaises politiques ne connaissent pas de frontière...
Parler de "dictature" en France est abusif, c’est vrai, mais ça n’empêche pas de constater une érosion réelle de la démocratie.
La démocratie suppose non seulement des élections, mais aussi l’équilibre des pouvoirs et contre-pouvoirs, la négociation et la recherche de compromis : c’est tout cela qui mis est en danger aujourd’hui, ce que Nicolas Sarkozy justifie au nom de l’"efficacité" et du "pouvoir de dire oui".
Et si un contrôle de l’information "à l’ancienne" est effectivement inenvisageable aujourd’hui, il est possible d’intervenir plus subtilement : par exemple, les médias peuvent relayer les critiques contre le gouvernement, mais en les montrant sous un jour particulièrement hystérique ou peu crédible, et en insistant peu sur les faits réellement embarrassants.
Quant à la dernière partie de l’article concernant les modes de scrutin, je pense qu’elle est tout simplement hors sujet...