Docdory,
quasi totalement d’accord, hormis que j’accepterais avec plaisir une réforme de l’orthographe et surtout de l’accord des participes passés, cette aberration française truffée d’exceptions inutiles - j’en ai d’ailleurs encore raté un sur les verbes pronominaux.
Pour les langues, je crois effectivement que des tas de gens ont atteint un niveau efficace dans des langues étrangères sans avoir commencé au primaire.
Mais comme il semble prouvé une plus grande aptitude musicale du jeune âge, je pense possible de satisfaire les différentes opinions et de tirer profit de l’oreille des enfants en faisant de l’initiation linguistique, mais une initiation modeste, si j’ose ce pléonasme, modeste dans ses ambitions et dans le temps qu’on y consacrerait, c’est-à-dire leur montrer un autre alphabet (par exemple cyrillique), quelques idéogrammes, leur apprendre un peu à lire et à prononcer quelques langues européennes (pour faire plaisir aux chantres de l’UE !), voire en utilisant les noms de footballeurs et autres sportifs célèbres (de la bonne démagogie éducative !), au choix avec éventuellement la langue régionale.
A coût constant, une réforme en douceur sans tout chambouler.
Mais pour cela, il faut d’une part abandonner cette folie du tout-anglais de plus en plus précoce (dans l’illusion de généraliser le cas particulier d’enfants bilingues de famille), abandonner cette récente et fâcheuse tendance pédagogique à vouloir imposer les langues et cette idée qu’on peut faire apprendre de force une langue étrangère, ou ces plaidoyers en faveur de la VO à la télévision comme dans cet article du Monde, auquel quelques lecteurs ont asséné des remarques bien senties :
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/06/pour-une-tele-responsable-par-philippe-meirieu_1138427_3232.html
abandonner aussi ce dogme actuel qu’il faut que les langues étrangères soient présentes partout, dans toutes les matières, sous couvert de grands mots comme transversalité, mise en situation, « learning by doing » et autres délires actuels de la didactique des langues, à laquelle une cure de modestie permettrait un retour sur terre.
Le problème de ces disciplines, c’est qu’elles peuvent très difficilement faire des études scientifiques (trop long, trop de facteurs difficiles à isoler), et du coup, il s’agit surtout d’opinions assénées, de dogmes, comme on a connu en médecine (la parole des mandarins sans preuves, comme sur le couchage des bébés). Et les rares études sérieuses étaient plutôt en défaveur de l’apprentissage précoce des langues (dont une en Allemagne sur les enfants de l’immigration turque, qui ne montrait pas de bénéfice scolaire).
En fait, c’est le dogme actuel de l’UE sur le plurilinguisme tel qu’on veut nous le vendre (3 langues étrangères à un bon niveau, et la pratique des langues toute notre vie, et partout ou presque, ce qui est d’ailleurs contradictoire avec le tout-anglais… et ce dogmatisme a contaminé en cascade les médias et la plupart des pédagogues.