Superlatifs superfétatoires.
Claude Berri est mort. Les médias y vont de leurs superlatifs : il était magnifique, l’empereur du cinéma, le géant etc. J’ai un copain qui vient de mourir, il était menuisier, le nabab des menuisiers, un formidable professionnel, il était merveilleux. Il avait fait un escalier en 98 ; on en parle encore dans toutes les chaumières ; des fenêtres en 2001 qui laisseront des traces dans l’histoire. Bref ! Si on disait que Claude Berri faisait bien son métier est-ce que nous ne lui rendrions pas un meilleur hommage ? Ces superlatifs sont tellement usités et usés qu’ils sont déjà des fleurs artificielles sur une tombe. A force de vouloir donner du panache à l’information, les médias nous affadissent les fleurs de rhétorique. On se demande si ils ne se complimentent pas eux-mêmes par personnes interposées, par ces personnes qui, vivantes ou mortes, font leur gagne-pain. Claude Berri mérite respect mais pas un panégyrique professionnel à l’emporte pièce. Il est vrai qu’il est difficile de faire taire la déesse aux cent bouches quand les médias n’ont rien d’autre à faire que de la faire parler. Quand la camarde intervient dans leur monde virtuel, il leur faut inventer des mots forts pour faire un bon article. La pompe funèbre est pour le journaliste mais le vrai deuil revient à la famille, aux proches. Alors, le meilleur hommage que je pourrais rendre à Claude Berri, ce serait de lui dire qu’il a bien fait son boulot, comme mon copain menuisier. Qu’ils montent au ciel tous les deux mais messieurs les journalistes, redescendez un peu sur terre. Il y a des mots simples pour exprimer un vrai deuil.
A.C