Robert,
Sortir de l’uniformité suppose une capacité individuelle, puis collective (on ne sort pas seul de l’uniformité : on n’en sort que si -tant que - les autres ne nous suivent pas) à réfléchir.
C’est pourquoi les révolutions ne sont jamais initiées par les populations, mais par quelques intellectuels exceptionnellement actifs et capables de mobiliser, volontairement ou non, des foules dans l’action ou au moins dans l’acceptation du changement.
L’uniformité à toujours existé, car elle est co-existentielle à toute société humaine sédentaire (il me semble que ce n’est pas le cas des sociétés nomades dont les ordres établis peuvent rapidement être remis en cause, ou sont d’un autre ordre que de l’uniformité sociale et comportementale).
Mais chaque société est différente de sa voisine (nos comportements sont différents de ceux des indiens ou des chinois, voire à un degré moindre, des anglais).
Et les sociétés passent d’uniformité en uniformité (différente, me fais-je bien comprendre ?) au fil de révolutions intellectuelles (guerrières, ou de type guerrières, et éruptives) ou technologiques ("lentes", souvent incomprises, voire non ressenties comme telles).
A ma connaissance (et j’en suis le premier désespéré !), les bons sentiments, les négociations "gagnant/gagnant", les prises en compte des différences pour construire ensemble un avenir meilleur n’ont jamais produit sur le long terme de résultats concréts. L’inertie du groupe ramène à la position d’origine à terme ou à la juxtaposition de plusieurs standards (ex : les changements d’organisation dans les entreprises publiques ou les ghettos sociaux ou urbains).
Ce ne sont pas des millions de gens convaincus qui ont amené à la suppression de la peine de mort en France ! Ce sont quelques intellectuels hyperactifs qui ont fait partager pendant de longues années leur compréhension du sujet, puis la décision courageuse d’un homme (j’exagère un peu, mais pas tant que ça).
Le courage, le bon sens et l’innovation ne sont pas les valeurs d’une foule (même si individuellement, les composants ont ce courage et ce bon sens), d’une société (industrielle ou commerciale par ex) ou d’une nation qui toutes stigmatisent les déviants.
Ton titre et ton analyse sont intéressants et vrais, mais ma conclusion est un peu différente.
Je pense que les personnes éclairées dans une société doivent entretenir un noyau de créatifs (des think-tank comme on dit maintenant) pour en tirer de temps en temps des idées d’évolutions.
Celles ci donnent l’illusion aux créatifs qu’ils ont fait bouger la société, au foules celle de participer à une société qui avance et ainsi d’accepter leurs conditions de vies, et aux dirigeants le coup d’avance qui leur permet de garder le pouvoir et de maintenir la paix sociale !
Une société d’électrons libres ne serait plus une société.
Et quel pouvoir politique voudrait-il d’une société de gens responsables ?