@ddacoudre
Votre thèse que l’existence de l’Etat provient d’une surpopulation est plausible. L’Histoire semble conforter votre thèse. En effet, après la préhistoire, les premiers Etats connus furent les riches villes de Mésopotamie, Ninive et Babylone. Ces villes peuplées avaient une forte densité de population. Les premiers Etats ne se sont pas formés dans les immenses étendues de faible peuplement, formées de multiples tribus.
Vous soulevez la question du fondement du Droit. Le Droit fonde toute structure humaine, tout groupe humain, toute cité. Chacun a le sens de la possession, et aussi le sens de l’injustice. Mais comment passer de ces sentiments subjectifs à la construction intellectuelle rationnelle d’un Droit cohérent ? L’économiste Hayek soutenait que c’est la succession des jugements, c’est à dire la jurisprudence, qui forment le Droit et le font évoluer. L’exemple du droit anglais, simple jurisprudence, sans aucun code écrit, donne raison à Hayek.
Vous tentez de formuler une définition de l’Etat qui seraient un ensemble de moyens donnés par des hommes. La quasi-totalité des Etats furent formés par la violence des armes. Un Etat soumet une population sans lui demander son agrément. Je ne partage donc pas votre thèse d’imaginer que les hommes aurait pris une décision collective de donner des "moyens" à un Etat pour gouverner. L’Etat essaie de maintenir l’ordre et la Justice, de réduire les insatisfactions d’un nombre suffisant de citoyens. C’est la condition de sa pérennité. Les citoyens, pris collectivement, ne donnent aucun pouvoir, aucun mandat à l’Etat. Même lorsque des règles de Droit sont convenus, la relation entre l’Etat et le citoyen est, par nature, une relation de force.
Vous dites, en d’autres termes, que le politicien élu trouverait une jouissance de dominant par sa proximité du pourvoir étatique. Je suis d’accord avec cette analyse.
Vous évoquez le désordre qui résulterait d’une absence d’un Etat. En particulier, si l’Etat n’expropriait pas, il ne pourrait pas construire des autoroutes. Ce n’est pas exact. Une promesse de vente d’un terrain sous condition est une formule qui fournit le moyen juridique de trouver un tracé de route sans intervention de l’Etat. L’expropriation n’est pas nécessaire.
Nous sommes d’accord sur l’illusion de la répartition des pouvoirs entre les citoyens. Nos raisons ne sont peut-être pas exactement les mêmes.
Vous citez très justement qq exemples ou celui qui paye la taxe n’est pas celui qu’on croit. Plus généralement, les taxes nuisent à d’autres que ceux qui les payent. Et les redistributions de l’Etat ne profitent jamais à ceux visés par cette distribution. Les gagnants et les perdants des taxes et impôts sont systématiquement aléatoires.