Aux personnes qui considèrent comme anodins les centres de rétention administrative, je suggère d’aller faire un stage d’une seule journée dans l’un de ces univers concentrationnaires, aux conditions d’hygiène et de surpopulation indignes, auprès desquels les établissements pénitentiaires français, qui sont pourtant la honte de l’Europe en la matière, passeraient pour des infrastructures hôtelières.
Dans ces bâtiments étriqués, peu ou pas entretenus, où règnent la promiscuité, la saleté, l’absence d’espace pour se mouvoir, les personnes sont retenues jusqu’à 45 jours sans possibilité de communication avec l’extérieur. Des personnes de tous âges, parfois des mères avec enfants. Les suicides se multiplient. Il s’agit bien de comparer des choses comparables : l’ignominie avec l’ignominie. Puisqu’il semble qu’il faille aux consciences endormies des références fortes pour se réveiller.
Les camps de rétention ne conduisent pas à la mort, dites-vous ? Disons pas systématiquement. Pourtant c’est bien la mort (exécution, assassinat) qui a accueilli dans leur pays des gens expulsés de chez nous. Or faut-il rappeler que les camps de concentration (instaurés des années avant les camps d’extermination, avec lesquels on pratique volontiers l’amalgame, là véritablement par ignorance), dans lesquels aboutissaient les individus raflés, n’avaient pas non plus pour finalité la mort, mais l’attente de décision administrative ?
Mettre dans la balance la dignité humaine avec des considérations économiques d’ordre purement spéculatif relève de la même logique politique qui avait cours sous le vichysme. « Le voyageur… s’il amène avec lui tout un peuple » : ben voyons ! C’est évident ça ! On voit d’ailleurs couramment des cohortes de populations courir l’exode d’un pays à l’autre, comme les Hébreux fuyant l’Egypte ! Non , en réalité, ces mesures d’expulsion sont tout aussi peu dissuasives pour les immigrants tentés individuellement par l’aventure, qui n’ont rien à perdre, que la peine capitale pour décourager le crime : absolument nulle. C’est de toutes autres considérations qui prévalent en réalité à leur instauration, elles sont d’ordre idéologique… et flattent un certain électorat.