a Jérôme,
C’est cela la vraie question, actuellement le projet européen est dévoyé, il n’est plus intrinsèquement la définition d’un espace économique et politique voulu à l’origine.
L’héritage historique fondant l’Europe à été replacé et s’est dilué au fil du temps.
Faire rentrer la Turquie maintenant reviendrait à affaiblir un vrai projet politique intégré en Europe qui aurait du voir le jour sous l’égide de la France , de l’Allemagne et du Bénélux.
Il se fait qu’en n’ayant pas pu ou voulu politiquement contrôler (ou tout du moins les encadrer) les forces de production pour les diriger vers ce projet, l’Europe s’est contenté de faire une politique économique néo-libérale à travers un parlement européen croupion.
C’est à la fois un héritage de la juste après-guerre qui a vu la Grande Bretagne gagner la guerre avec son ex-colonie et imposer une partie de sa volonté alors même que son empire se lézardait. D’autres forces ont joué aussi, bien sûr. Il est temps de renforcer le « noyau dur européen » et digérer l’arrivée des nouveaux membres.
Il n’est pas judicieux de croire qu’il soit possible de réunir les convictions autour uniquement des questions d’espace économique sans poser la question de l’efficacité des institutions démocratiques européennes et ce qu’elles supposent : la participation et l’engagement des citoyens.
Sans un travail constitutionnel de fond basé sur une véritable volonté populaire de mise en commun de l’héritage commun qui jadis nous opposèrent , l’Europe restera simplement une zone bâtarde qui ne pourra pas prendre sa place dans la nouvelle recomposition géopolitique mondiale qui s’amorce.
Lorgner vers la Turquie pour la simple raison qu’elle pourrait offrir un champs de friche à l’investissement financier rentable ne suffit pas dans l’optique d’une fédération des Etats européens. Dire que la Turquie pourrait un jour rejoindre le projet politique alors qu’actuellement l’Europe est devenu une sorte de club dont la finalité est de mieux gérer les marchés ; pourquoi pas à la condition de vider le projet européen de sa finalité de politique intégrée. L’Europe est orpheline aujourd’hui tant qu’elle se verra être l’enjeu d’intérêts que nous ne contrôlons pas.
Il est temps de redéfinir le destin commun des européens en posant la question de la communauté de destin. C’est la volonté de participer à ce type de dessein collectif et y adhérer qui est fondateur.
Qui voudrait mourir pour l’Europe ?