Je souscris en gros aux objections précédentes, et souhaite en ajouter quelques unes :
« Ainsi, nous avons essayé de démontrer (à notre sens) pourquoi le maintien de la burqa ne tient pas : comme pratique religieuse, il n’est référé dans aucun texte sacré ; »
Cet argument qui considère la valeur intrinsèque d’une pratique religieuse ne tient pas. La république laïque ne peut porter un avis là-dessus, mais seulement sur le fait qu’une pratique religieuse contrevient éventuellement à ses propres principes.
« ... Comme signe de la liberté individuelle, il est au contraire, l’allégorie même de la féodalité de la femme à l’homme, de refus de toute individualité du corps comme de l’esprit féminin... » Oui, c’est sans doute vrai... en tant que signe. Mais peut-on légitimement s’opposer au fait d’arborer un signe ? (Je ne le pense pas).
Pour que l’argument tienne, encore faudrait-il démontrer que le port de la burqa attente à la liberté individuelle en tant que fait, et non en tant que signe. Sans quoi, c’est la libre expression qui est censurée (un droit fondamental, je le rappelle, même s’il est régulièrement bafoué).
Ce point me paraît l’occasion de préciser le hiatus qui provoque, à mon sens, ce débat : d’un côté, certains (pour ne même pas parler des motivations islamophobes) se sentent offensés par une tenue qu’ils estiment en contradiction avec l’idée qu’ils se font du respect de la femme. il s’agit d’un jugement de valeur. D’un autre côté, certains (dont je suis) estiment que ce serait offenser la liberté individuelle que d’interdire une tenue au prétexte de l’intention qu’on lui prête. C’est un jugement rationnel.
Ainsi, pour forger leur opinion, comme souvent, les censeurs s’appuient sur un ressenti subjectif, les libéraux sur une raison objective. Mais seule la raison, potentiellement commune à tous, est susceptible de les réconcilier.