D’après ce qu’en dit l’auteur, n’ayant pas lu M. Ruwen Ogien, celui-ci remet simplement au goût du jour l’immémoriale règle d’or, principe transulturel qui est en quelque sorte le fondement même de l’éthique humaniste :
http://atheisme.free.fr/Religion/Regle_or.htm
Et certes ce principe demeure une indépassable formulation de la notion de respect de l’autre, préalable nécessaire pour tendre vers un idéal social de vie collective harmonieuse, partagée « en bonne intelligence ».
Ne pas nuire aux autres implique se poser la question de ce qui peut nuire, et quel meilleur étalon que soi-même ? => Si je sais que tel acte commis envers moi me ferait du tort, je peux (je dois) présumer qu’il en ferait tout autant à autrui, et je dois donc impérativement m’abstenir.
Le fait que « les autres n’ont pas forcément le même goût » n’entre pas en ligne de compte, puisquil s’agit d’abord de ne pas, autant que possible, risquer de nuire. Or il est plus légitime de supposer de ce point de vue l’autre mon semblable (plutôt que radicalement différent). Car en matière de nuisance, s’il est certes question de subjectivité, il n’est pour autant pas question de goût personnel (comme préférer le rouge au bleu), mais de sensation liée à la perception (voir le rouge ET le bleu), selon quoi nous sommes a priori tous appareillés à l’identique.
Autrement dit encore, le feu brûle tout le monde. Et si, par extraordinaire, il arrivait que quelqu’un aime la sensation de brûlure, tout ce qu’on risquerait en ne le brûlant pas serait de ne pas lui donner ce plaisir improbable. Or ne pas donner l’occasion d’un plaisir, ce n’est aucunement nuire. Donc dans tous les cas, il vaut mieux (il faut, selon l’axiome de la règle d’or) s’abstenir de brûler autrui, pour ne pas lui nuire...