Cher Paul Villach
Encore une fois , nous avons là une magnifique illustration du retard considérable pris par l’enseignement sur les données acquises de la science . En effet , on apprend toujours aux enfants ( sauf erreur de ma part ) que les requins et les raies font parti des « poissons » , de même que les maquereaux et poissons-lune .
Or , la classification phylogénique du vivant stipule que « les poissons » , ça n’existe pas ! Ce que l’on appelle vulgairement « poissons » est un groupe polyphylétique comprenant deux catégories très distinctes d’êtres vivants :
- les chondrichtyens ( anciennement appelés « poissons cartilagineux » ) qui sont totalement dépourvus de deux caractéristiques fondamentales que sont le tissu osseux d’une part , et l’existence d’un « sac » rempli d’air apparu en annexe au tube digestif d’autre part .
- les ostéichtyens ( anciennement appelés « poissons osseux » ) qui comportent ces deux améliorations : le sac rempli d’air est appelé « vessie natatoire » chez les maquereaux ou les truites , ce même sac rempli d’air a évolué en « poumons » chez l’homme, le tissu osseux est appelé « arêtes »« chez le poisson et os chez l’homme ( ces pauvres requins et raies n’ont que du cartilage , cf les ailes de raie ) .
Il résulte de ceci ( même si notre incurable vanité risque d’en souffrir ) que nous faisons partie du même phylum que les maquereaux , alors que ceux-ci ne font pas partie du même phylum que les requins ! Nous sommes d’un point de vue évolutif , plus proches des poissons-lunes que ceux ci ne le sont des requins !
La deuxième conséquence est que les requins ( ou les raies ) , dépourvus de vessie natatoire , tombent immédiatement au fond de l’eau s’ils n’avancent pas : les nageoires latérales des requins, rigides , ont le même rôle que des ailes d’avions , c’est à dire un rôle de sustentation ( le principe de Bernouilli entraînant un phénomène de portance qui s’oppose à la chute au fond de l’eau du requin ,qui entraîne d’ailleurs sa noyade rapide car le requin ne peut pas faire circuler de l’eau vers ses branchies par ses nageoires antérieures ) . Un requin qui n’avance pas, ou pas assez vite , c’est comme un avion qui n’avance pas , il n’y a plus de portance , et c’est le crash, puis l’asphyxie ! Les ostéichtyens , grâce à leur vessie natatoire , peuvent , quant à eux , parfaitement faire du sur place ( dans ce cas , ils amènent de l’eau vers leurs branchies avec les nageoires antérieures ! )
En conséquence de quoi, un aileron qui sort de l’eau et qui n’avance pas ou à très petite vitesse ne saurait en aucun cas être celui d’un requin puisque dans ce cas il tomberait immédiatement !
Si la question de la classification du vivant vous intéresse , je ne saurais trop vous conseiller la lecture de l’ouvrage de Hervé le Guyader » classification phylogénique du vivant « ( édition Belin ) , dans lequel vous apprendrez que , selon les données actuelles de la classification , les » poissons « n’existent pas , les » invertébrés « n’existent pas, les » reptiles « n’existent pas ( les crocodiles , classés dans les » reptiles « font en fait partie du même groupe phylétique que les oiseaux ) , les » rapaces " n’existent pas ( les condors d’Amérique du Sud étant dans le même phylum que les cigognes, et non pas des proches parents des aigles ! ) .
Je me demande quand l’école répercutera ces nouvelles données , je crains fort que ce ne soit pas demain la veille !